AL MUGAWIR
Le Chant de la Femme du Désert
La Muwassah a été chantée. Six Nephilim ont vu le jour dans la clarté brutale des rives du Chott-El-Arab. Aïcha les a accueillis tristement, leur parlant de la mort de son oncle et leur demandant d’arracher le rameau d’acacia planté dans sa tombe. Sans succès, la troisième et dernière racine (pleine de vie contrairement aux deux autres ; l’une pourrie et l’autre sèche) refusa de céder et rien n’y fit. Les Nephilim retrouvèrent ensuite l’arme des assassins au fond du fleuve : un ciseau à pierre.
Après le « jeu du portrait chinois » qui les aida à définir un peu mieux leur Être, l’île sur laquelle ils se trouvaient commença à se désagréger, les forçant à se laisser emporter dans les eaux boueuses du fleuve. Certains eurent alors l’apparition de la Femme du Désert, d’une beauté et d’une pureté incomparables. Puis ils dérivèrent longtemps avant d’apercevoir une felouque dans l’obscurité précédant l’aube. A son bord, le Sultan Abd Al-Rahman et son garde du corps Badr les secoururent et ils devisèrent longuement. Le Sultan avait également eu l’apparition de la Muse et s’était épris d’elle. Il souhaitait lui construire les plus beaux jardins et l’épouser mais il ne parvenait pas à se souvenir de son nom.
Ils arrivèrent à Alexandrie où les sicaires du nouveau Sultan les attendaient, leur interdisant l’accès au port. Ils tentèrent vainement de batailler avant de se jeter à l’eau pour échapper aux volées de flèches. Ils nagèrent longtemps avant d’atteindre une île. Aïcha les attendait au milieu des restes d’une fête. Elle leur expliqua les malheurs du Miséricordieux qui pleura sa bien-aimée durant sept lunes avant de se résoudre à prendre femme parmi les mortels. L’automne était venu et elle ne parvenait pas à séparer les larmes du Sultan des eaux de pluie dans la vasque d’une fontaine. Après avoir sondé le bassin, la Femme du Désert apparut sur un trône précieux. Le Sultan aurait un héritier dans les siècles à venir, un homme lui ressemblant en tout point et les Nephilim se devront d’être là pour l’aider à accomplir son destin. L’automne est venu. Une feuille brune se déposa sur les robes de la Belle.