Francis Dupond
48 ans, Journaliste
Une enfance oubliée
Votre vie commença réellement en décembre 1950, alors que vous aviez vingt ans. Ce qui se passa dans votre vie avant cela fut effacé de votre mémoire. Vous vous êtes réveillé dans un lit d’hôpital de la Pitié-Salpétrière, à Paris, le 12 décembre 1950. Vous étiez amnésique et vous ne vous souveniez même pas de votre nom et de votre prénom. Vous étiez maigre et très fatigué et vous étiez perdu.
Heureusement, une charmante infirmière, nommée Manon Leroux, s’occupa de vous. Elle vous apprit que cela faisait cinq ans que vous étiez hospitalisé ici, dans un profond coma. Vous aviez été retrouvé dans un camp de concentration, à Drancy, au milieu de tas de cadavres, à la fin de la seconde guerre mondiale. On n’avait retrouvé aucun effet personnel sur vous et nul ne savait qui vous étiez vraiment. Malgré tout, il semblait vous aviez eu une chance prodigieuse d’être toujours en vie.
Manon était à peine plus âgée que vous. Elle vous avoua que lorsqu’elle n’était pas en service, elle restait parfois à votre chevet pour veiller sur vous. Elle vous avait, semblait-il, pris en affection. Francis Dupond était le nom que les soldats qui vous avaient retrouvé vous avaient donné et c’est celui qui vous avait été officiellement attribué.
Vous avez alors eu une période de rééducation d’une durée de six mois avant de pouvoir reprendre suffisamment de forces pour sortir de l’hôpital. Manon et vous êtes tombés amoureux l’un de l’autre et c’est naturellement que vous vous êtes installés ensemble dans un petit appartement parisien lorsque vous êtes sorti de l’hôpital.
Une nouvelle vie
Vous vous êtes marié le 12 décembre 1951, exactement un an après votre sortie du coma. Puis, en octobre 1953, Manon tomba enceinte. La vie semblait vous sourire mais pourtant, vous ne trouviez pas la sérénité. Quelque chose vous manquait. Vos origines. Vous étiez toujours en quête de votre identité, de savoir qui était votre famille, ce qu’il leur était arrivé, ainsi qu’à vous, et de savoir s’ils étaient encore vivants…
Vous vous êtes alors dit que, pour obtenir des réponses, il vous faudrait avoir accès à de nombreuses sources d’informations et à de nombreuses archives sans difficultés. C’est pour cela que vous avez décidé de devenir journaliste. Vous étiez curieux, brillant et correspondiez exactement à ce que recherchaient les journaux et les magazines.
Après quelques études de journalisme, vous avez trouvé un travail chez Paris Match en 1954, d’abord comme pigiste. Mais malgré vos recherches, vous ne trouviez rien sur votre passé. Il était très difficile d’accéder aux archives militaires, même grâce à votre métier, et votre amnésie ne vous aidait pas.
Cependant, malgré ces interrogations sur votre famille, vous étiez heureux. Vous exerciez un métier qui vous plaisait, vous gagniez bien votre vie et vous étiez un homme comblé par l’amour de votre femme. De plus, pour couronner le tout, le 3 juillet 1954 naquit votre fille, que vous avez prénommé Catherine, et qui fit votre plus grand bonheur.
Le choc
Alors que tout allait à merveille dans votre vie, Manon tomba subitement malade durant l’hiver 1954. Elle attrapa une sévère pneumonie et les médecins ne purent rien pour la sauver. A peine deux mois plus tard, en janvier 1955, Manon décéda. Vous vous êtes retrouvé seul avec votre petite fille Catherine, alors âgée de seulement six mois. Mais heureusement qu’elle fut là car c’est grâce à elle que vous avez pu trouver la volonté nécessaire pour affronter cette terrible épreuve.
Vous avez alors peu à peu abandonné vos recherches sur votre passé et avez décidé de vous consacrer totalement à Catherine. Vous avez conservé votre place au sein de Paris Match mais avez demandé à intégrer le service « show-business » du journal. Votre demande fut acceptée et vous avez adopté le pseudonyme de François Douillet pour écrire certains articles que vous jugiez « à scandale » et ainsi préserver votre vie privée et celle de votre fille.
Vous êtes alors devenu un véritable papa poule. Catherine était devenue le centre de votre vie, vous rappelant Manon et vous la couviez, peut-être un peu trop. Cependant, vous saviez qu’elle était heureuse et en sécurité et là était le principal.
Un mystérieux contact
En mars 1960, vous avez reçu, dans le cadre de votre travail, un mystérieux appel téléphonique anonyme de la part d’un homme qui avait masqué sa voix. Vous aviez l’habitude d’obtenir des informations de la part de personnes préférant garder l’anonymat et c’était même une chose courante dans la presse à scandale et vous ne vous êtes pas méfié outre mesure.
Votre mystérieux contact disait avoir des informations croustillantes sur un jeune acteur montant nommé Sergio Valentine. Bien que n’ayant tourné que dans un seul film, Valentine avait alors la cote parmi les producteurs et les réalisateurs de cinéma et prévoyait de tourner dans le prochain film du célèbre producteur René Vantout, « L’homme à femmes », avec, entre autres, Catherine Deneuve, parmi les acteurs principaux. Votre contact affirmait savoir de source sûre que Sergio avait traîné par le passé dans le milieu de la Mafia italienne. Il vous expliqua que « Valentine », alors surnommé « Cupidon », était l’assassin soupçonné d’avoir exécuté parrain de Naples, Don Pedro, ainsi que toute sa famille, avant de s’enfuir pour la France…
Votre contact se montrant très convainquant, vous avez eu le sentiment que cette information valait de l’or et vous n’avez pas enquêté plus avant. Vous avez relayé le scoop que vous veniez d’apprendre, sans approfondir vos investigations. Et ce fut là votre plus grande erreur professionnelle. Le lendemain matin, votre article parut dans le Paris Match n°570 du 12 mars 1960 : « Le nouveau chouchou des réalisateurs est en fait un assassin ! » (Vous trouverez en Annexe 1 une copie de votre article. Attention : n’apportez pas cette Annexe le jour de la Soirée Enquête !)
Vous avez compris que vous aviez fait une grosse erreur et que votre mystérieux contact s’était moqué de vous lorsque vous vous êtes rendu compte que Sergio Valentine avait aujourd’hui une vingtaine d’années et que l’assassinat de Don Pedro à Naples datait de 1942, dix-huit ans auparavant !... Sergio Valentine ne pouvait donc pas être le redoutable assassin surnommé « Cupidon » qui aurait travaillé pour la Mafia italienne et aurait tué le parrain local et toute la famille… Mais il était trop tard pour faire machine arrière. Heureusement, s’agissant d’un article à scandale, vous l’aviez signé de votre pseudonyme : « François Douillet ». Vous n’avez eu par la suite aucun retour de cette malheureuse affaire. Plus tard, vous avez appris que Sergio Valentine n’avait pas obtenu de rôle dans « L’homme à femmes » et que l’acteur qui l’avait remplacé était un acteur de seconde zone, beaucoup moins talentueux et plus vieux, nommé Jean-Pierre Montain. Vous n’en aviez pas la preuve mais vous avez eut le sentiment que Jean-Pierre Montain était peut-être votre mystérieux contact. Il semblait être en effet le seul à profiter du renvoi de Valentine. Il avait peut-être déguisé sa voix au téléphone et s’était servi de vous et de votre article pour obtenir le rôle. Vous ne vous êtes pas étendu sur cette affaire plus longtemps mais vous vous êtes promis d’être plus vigilant à l’avenir…
Second choc
A force de surprotéger votre fille, elle en eut finalement assez de se sentir étouffée et, en avril 1970, la veille de son seizième anniversaire, elle décida de quitter l’appartement et de partir vivre chez une de ses amies, Charlotte, en banlieue parisienne, en attendant de se trouver un appartement. Catherine rêvait depuis longtemps de devenir actrice et, connaissant le milieu, vous saviez qu’elle risquait d’être manipulée et déçue mais vous ne l’avez pas retenue et lui avez laissé tenter sa chance.
Malheureusement, malgré vos bonnes intentions, vous l’avez peu à peu perdue de vue. Elle se fit de plus en plus distante avec vous, répondant de moins en moins à vos appels téléphoniques, et finit peu à peu par ne plus vous donner de nouvelles. Puis, le 2 juin 1970, la police vous téléphona. Catherine était morte ! D’après l’enquête de police, elle s’était jetée par-dessus la balustrade dans le salon d’un riche producteur de films, nommé Hubert Bromart, se suicidant après que ce dernier lui ait refusé un rôle. Vous vous êtes alors senti coupable d’avoir laissé Catherine partir de chez vous. Il semblait que toutes les personnes que vous aimiez finissaient par mourir prématurément. Vous vous demandiez finalement si vous n’étiez pas maudit…
Le témoignage
Vous aviez l’intime conviction que Catherine ne s’était pas suicidée. Vous saviez que ce n’était pas dans sa nature. Quelqu’un avait dû la pousser de cette balustrade et était responsable de sa mort, contrairement à ce qu’affirmait l’enquête de police. Vous avez alors rendu visite à Hubert Bromart, chez lui, au 245, boulevard Saint-Denis à Courbevoie, là où votre fille avait trouvé la mort. Vous l’avez alors ouvertement accusé d’avoir poussé votre fille du haut de sa balustrade mais Hubert Bromart vous jura, les yeux dans les yeux, que votre fille s’était bel et bien suicidée après avoir essuyé un refus pour un rôle. De plus, un témoin présent chez Bromart au moment des faits confirmait ses dires. Etrange coïncidence, le témoin en question était l’acteur Jean-Pierre Montain, venu rendre visite à Hubert Bromart à ce moment là. (Vous trouverez en Annexe 2 une copie du témoignage écrit de Jean-Pierre Montain que la police vous a remis lors de votre enquête. Comme pour l’Annexe 1, n’apportez pas cette Annexe le jour de la Soirée Enquête).
Malgré ce témoignage, vous restez persuadé que votre fille n’était pas du genre à se suicider et vous vous êtes juré de faire un jour la lumière sur cette affaire…
Judith
En janvier 1972, tandis que vous étiez allé vous changer les idées dans un bar, vous avez fait la connaissance d’une jeune femme nommée Judith Fresh. Judith était élève infirmière, en stage à l’hôpital de la Pitié Salpétrière, et était beaucoup plus jeune que vous, d’environ 25 ans. Malgré tout, vous êtes rapidement tombés amoureux l’un de l’autre et avez eu une liaison durant laquelle vous vous êtes aimés passionnément. Malheureusement, ce bonheur fut de courte durée car Judith décida de vous quitter huit mois plus tard, en septembre 1972, vous expliquant que, bien qu’elle ait beaucoup d’affection pour vous, vous étiez trop vieux pour elle. Vous l’avez comprise. Vous aviez passé de merveilleux moments ensemble durant ces huit mois, bien qu’elle soit toujours restée très discrète sur son passé. Sachant que vous ne pouviez pas la retenir, vous avez préféré rester sur de bons souvenirs plutôt que de finir en de mauvais termes. Vous l’avez donc laissée partir, lui souhaitant le meilleur pour l’avenir. Après tous vos malheurs, Judith était la meilleure chose qui vous était arrivée depuis longtemps…
Le passé ressurgit
En mars 1973, vous avez reçu un coup de téléphone pour le moins inattendu. Une vieille femme, se nommant Marie Bonnefoi et habitant la ville de Marseille, était tombée sur un vieil article que vous aviez écrit à vos débuts de journaliste, dans lequel figurait votre photographie. Vous y racontiez votre histoire de jeune homme amnésique et disiez que vous recherchiez toute information sur vos origines et votre famille. Vous aviez écrit cet article en 1953 mais cela n’avait donné aucun résultat à l’époque.
Mais Marie Bonnefoi, maintenant âgée de 70 ans, disait avoir eu une étrange révélation en retrouvant cet article et en examinant votre portrait. Elle vous avait reconnu ! Elle vous informa que votre famille habitait autrefois Marseille et qu’elle était alors votre voisine dans les années 1930 et 1940. Enfin, elle vous annonça que votre véritable nom était Benjamin Nakache...
Marie Bonnefoi vous raconta qu’elle avait recueilli votre frère cadet, Nicolas, alors âgé de cinq ans, tandis que vous et tout le reste de votre famille aviez été emmenés en camps de concentration en 1943, suite à la dénonciation d’un de vos voisins, un dénommé Gilles Martin. A la fin de la guerre, votre père, Samuel, fut le seul à revenir vivant. Tout le monde vous croyait mort, ainsi que le reste de votre famille. Votre père décida alors de partir avec votre frère Nicolas pour les Etats-Unis afin de se refaire une nouvelle vie.
Vous connaissiez désormais une partie de votre histoire. Vous saviez que vous aviez peut-être encore de la famille aux Etats-Unis ou ailleurs et qu’avec ces informations, vous réussiriez plus facilement à retrouver leur trace. Mais pour le moment, vous deviez vous concentrer sur le décès de Catherine…
Le travail continue
Aujourd’hui, en 1978, vous n’avez pas appris grand-chose de plus sur la mort de votre fille. Hubert Bromart a un témoin de taille en la personne de l’acteur Jean-Pierre Montain. Celui-ci, grand et charismatique mais sans grand talent et n’ayant, tout au long de sa carrière, joué que des rôles secondaires, approchait la soixantaine et organisait le samedi 25 février une réception pour fêter son départ à la retraite. Etrange coïncidence, Paris Match a fait appel à vous pour couvrir l’événement et pour vous rendre sur place pour prendre des photographies et interviewer les différents convives. Ne s’agissant ici pas d’un article « à scandale », vous vous présenterez sous votre véritable nom : Francis Dupond. Vous avez trouvé l’ironie de la situation amusante…
Vous devrez donc vous rendre chez l’acteur, au 67 avenue Philippe Auguste, Paris 11ème arrondissement, le samedi 25 février 1978 entre 18h00 et 18h30 avec votre appareil photo, un calepin et un stylo…
Jean-Pierre Montain
En arrivant à la soirée, vous reconnaissez :
Hubert Bromart (Mikael) : Le producteur chez qui votre fille a trouvé la mort. L’a-t-il poussé par-dessus la balustrade ou, comme il l’affirme, s’est-elle suicidée après un refus de casting ?
Sergio Valentine (Alexandre) : L’homme à qui vous avez malencontreusement détruit la carrière d’acteur il y a maintenant 18 ans. Que fait-il ici ? Il vaudrait mieux éviter qu’il apprenne que c’est vous qui aviez écrit ce fameux article sous le nom de François Douillet…
Judith Fresh (Caroline) : L’élève infirmière dont vous êtes tombé amoureux en 1972, il y a maintenant six ans. Décidément, vous retrouvez ce soir des personnes auxquelles vous ne vous attendiez pas !
Jean-Pierre Montain : L’acteur ne se présentera à ses invités que vers 19h30, quand tout le monde sera présent.
Vous ne connaissez pas les autres invités.
Ce que vous savez faire
Fouiller une pièce (PA variables) : Vous pouvez, si vous le désirez, fouiller l’une des pièces suivantes de l’appartement de l’acteur : le Bureau, la Chambre ou la Cuisine. Il vous en coûtera 3PA pour le Bureau et la Chambre et 1PA seulement pour la Cuisine. Allez voir l’organisateur, donnez lui les PA requis et dites lui quelle pièce vous voulez fouiller. Il vous dira alors si vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ou non.
Il est inutile de fouiller les autres pièces, elles ne contiennent rien d’intéressant.
Vous trouverez à la fin de ce document un plan de l’appartement de Jean-Pierre Montain avec le nombre de PA nécessaire pour fouiller chaque pièce. Il sera également affiché durant la soirée.
Crocheter (2PA) : De par votre métier, vous avez appris à crocheter toutes sortes de serrures. Si vous désirez crocheter une serrure quelconque (porte ou autre chose), allez voir l’organisateur, donnez lui vos PA en lui disant ce que vous désirez crocheter. La porte (ou l’objet) sera alors déverrouillé.
Vos buts durant la soirée
Vous êtes de nature très curieuse. Vous aurez donc tendance à vouloir tout savoir et interviewer tout le monde. Mais n’oubliez pas vos principaux buts qui sont de découvrir la vérité sur votre passé et la mort de votre fille. Si vous en avez l’occasion, vous orienterez vos investigations dans ce sens.
Essayez également d’éviter que Sergio Valentine ne découvre que c’est à cause de vous que sa carrière d’acteur a été détruite il y a presque vingt ans maintenant…
Ce que vous transportez
Un carnet de notes et un stylo pour vos interviews et un appareil photo (types années 70 si possible). Niveau tenue vestimentaire, vous êtes très sobre, en costume-cravate. Pensez à avoir suffisamment de poches voire porter une petite sacoche pour pouvoir y mettre vos Points Actions, votre carnet et les différents indices que vous pourriez découvrir durant la soirée…
Comment se la jouer
Vous êtes un véritable fouille merde. Vous fouillez, interrogez et cherchez à écrire un article détonant sur le déroulement de cette soirée de départ à la retraite.