Je m’appelle Garald Zeelan. Je suis né près de Zeegazad, au Nyras, de parents cultivateurs de pommes de terre. Je n’avais guère d’autre choix que de suivre cette antique tradition familiale ; mon destin semblait tout tracé. Un jour, les Soldats de la Mort sont venus et ont emmené tous les hommes en âge de se battre. Ils m’ont pris, moi et mon jeune frère. J’allais faire ce qu’aucun de mes aïeux n’avait pu faire : voir du pays. Quand on entre dans les légions drakkarim, on signe pour trente ans et rares sont ceux qui rentrent un jour chez eux. J’ai combattu sur de nombreux fronts, effectué des gardes sur les côtes. J’ai passé plus de dix ans à porter la mort jusqu’à cette rencontre sur les terres de Magador. Nous étions un petit groupe de vétérans à la recherche de rebelles du Roi Edran lorsque nous somme tombés dans une embuscade. Nos assaillants étaient des mercenaires aguerris et tous nos hommes sont morts. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi le sort nous avait désigné. Mon frère et moi-même fûmes épargnés et faits prisonniers. Le chef de ces mercenaires se nommait Kihan de Tyso.
Bien des années plus tard, je progressais à la tête de 1 000 hommes vers Dhârke, menacée par l’armée de la Croisade. Une troupe d’un millier de chevaliers était sur le point de les rejoindre ; nous avons été envoyés pour les intercepter. Je me suis présenté à la Reine Evaine de Talestria et nous avons longuement causé. Le lendemain, nous allions trahir ; nous allions nous dérober en plein cœur de la charge. A 3 000 contre 2 000, la défection de mes 1 000 hommes pèserait lourd dans l’issue du combat. Kihan me faisait confiance. Il a précipité une petite troupe de cavaliers dans ma direction et laissé le plus gros détachement attaquer le flanc gauche. Les Cavaliers de la Mort n’ont pas résisté bien longtemps à cette manœuvre et ceux qui ont pu fuir sont tombés sous nos coups avant d’avoir pu regagné Zeegazad. Le Nyras n’avait presque plus d’armée terrestre et je n’attendais plus que l’annonce de la mort du Haut Seigneur de Guerre pour prendre le contrôle du pays, à jamais libéré du joug d’Helgedad.
Je m’appelle Nassim. Mes hommes m’appellent le Vieux. Je prends ça comme une marque de respect car je suis le plus ancien de Diables de Kakush. Je suis la mémoire de cette troupe qui traversa bien des guerres et bien des épreuves. Nous étions depuis peu sous le commandement d’un archer plus âgé que moi, un Elfe nommé Fluem d’Arkhandil. Le siège de Dhârke avait débuté depuis quelques jours et les troupes de Lencia, épaulées par les Dessians et les Saloniens, progressaient lentement mais sûrement vers la porte Est de la ville. Nous étions de réserve. Une nuit, les hommes du Valerion qui gardaient la rive Nord de la Shug, furent attaqués. Un millier de Drakkarim tenta de franchir le fleuve sur des embarcations de fortune. Leurs pertes furent sévères durant la traversée mais les combats qui s’ensuivirent dans la boue du rivage furent terribles. A notre arrivée, nous avons eu de la peine à distinguer les nôtres. Nos flèches étaient hasardeuses et les hommes du Valerion ont fait retraite, menés par leur Capitaine Ousmane. Les Diables ont alors affronté les Drakkarim au contact, laissant à Ousmane le temps de réorganiser ses troupes pour contre-attaquer. Les Drakkarim sont de redoutables guerriers qui combattent jusqu’à la mort. Pas un n’a cherché la fuite et pas un n’a survécu mais les Forestiers de Valerion avait été durement touchés.
Je me nomme Séliam, Guerrier-Mage du Dessi et membre de la Légion Phénix. Le siège de Dhârke n’a été rendu possible que grâce au professionnalisme et à la discipline de nos troupes. Les Lencians avaient creusé des tranchées jusqu’au pied des remparts pour protéger la progression de nos hommes puis ils se sont lancés à l’assaut des deux tours gardant la porte Est tandis que leur bélier était sur le point d’y ouvrir une brèche. Les assiégés avaient préparé de l’huile bouillante et j’attendais qu’ils la déversent. Le moment venu, ma boule de feu a fait mouche et celle de Nassir également sur la porte déjà ébranlée. Nous avons investi les tours et tenté de repousser les Drakkarim, Dessians au Sud, Saloniens au Nord et Lencians au centre. Kihan n’a pas tardé à nous envoyer des renforts. Le jour suivant, le Capitaine Séline nous rejoignait à la tête de 500 hommes, Anariens, Eldenorans et Firalons. Nous les avons guidé à travers les faubourgs et ils se sont portés à l’assaut de la tour Sud. Leurs pertes ont été importantes avant qu’ils ne forcent la porte. Nous les avons couvert depuis les murailles ; un déluge de flammes s’est abattu sur les créneaux. Nous étions une nouvelle fois victorieux mais éprouvés par la ténacité de l’ennemi. Kihan a reporté les efforts au Nord, mettant à contribution les troupes saloniennes.
Je suis le Sénéchal Rewald de Salonie et j’ai bien des fois combattu aux côtés de Kihan. Si son génie stratégique ne fait aucun doute, la férocité des Drakkarim compense souvent leur manque de tactique. Nous avions été désignés pour investir la tour Nord afin de commencer l’encerclement de la citadelle. Ousmane et ses hommes devaient faire diversion durant notre assaut. Tout s’est déroulé pour le mieux. La tour était à nous avant l’aube et nous tournions nos regards vers la citadelle, désormais à portée de flèches. Hélas, nous ne disposions pas d’arme assez puissante pour la prendre. Les créneaux dominaient la ville et la porte couverte de runes résisterait à nos flammes. C’est alors que nos valeureux capitaines ont décidé de faire preuve d’astuce. Ils ont interrogé les prisonniers et déniché un égoutier qui disait connaître quelqu’un qui aurait entendu dire qu’un Nain nommé Hotran s’était vanté d’avoir trouvé un accès souterrain aux citernes de la citadelle. L’information valait ce qu’elle valait mais ils ont tenté le coup. Le Nain en question habitait du côté de la ville aux mains des Drakkarim. L’éboueur les a guidé à travers les égouts mais a été tué par la première patrouille croisée. C’est grâce à l’aide de Khernous, fidèle compagnon Nain d’Ousmane, qu’ils ont pu atteindre leur objectif. Hotran s’est révélé un être cupide et sans foi, près à trahir sa patrie d’adoption pour quelques pièces d’or. Il a conduit la troupe de Séline et les rangers d’Ousmane dans la citadelle et ils sont parvenus par cet habile stratagème à nous en ouvrir les portes. Mes Chiens de Guerre ont déferlé sur l’ennemi, le taillant en pièces. Le Maître du Nyras s’était replié, laissant pour nous accueillir, un puissant sorcier nadziranim, de la race d’Helgedad. Il s’en est fallu de peu que Fluem d’Arkhandil ne succombe aux décharges psychiques de la créature mais nous avons pu la mettre en fuite. Maintenant, nous étions en position dominante et la victoire n’était plus qu’une question de temps mais Kihan s’impatientait. Il a donc décidé de laisser la fin de la conquête à nos alliés lencians et de sélectionner ceux qui le suivraient sur les Terres de Légendes. Kihan, Faucon Ardent, Ousmane, Fluem, Raltislov et Séline ont été surpris de voir que près de 900 hommes déterminés les accompagneraient. Pour ma part, j’offrais le commandement de ma troupe à Ousmane et rentrais en Salonie. Mon Prince me mandait à ses côtés.