Chronique de guerre : La Seconde Bataille des Steppes

 

            La Seconde Bataille des Steppes dura 6 jours. Les escarmouches et les échauffourées avaient déjà commencé une dizaine de jours auparavant lorsque les troupes ennemies étaient entrées au Rigeria. Une armée de 80 000 Drakkarim s’amassait maintenant au Nord de Wayrih tandis que 70 000 Despérides arrivaient par le Sud. Environ 10 000 cavaliers, « résidu de l’armée d’occupation », menaçaient également la route de l’Ouest, d’où l’Intendant attendait une aide de la part de son ami le Prince de Ferromaine. Les Barbares et leurs alliés allaient devoir se battre à un contre deux…

            Il fut dit que Tchabak n’aurait jamais espéré une victoire si éclatante et qu’elle fut  très justement attribuée au courage et à la férocité inégalable des guerriers des clans. Pendant 4 jours, ils attaquèrent sans relâche, de nuit comme de jour, la formation ennemie, parvenant même à faire reculer cette armée six fois supérieure en nombre. Il fut dit que ceci n’aurait pas été possible sans le soutien des troupes étrangères menées par le Sénateur Séline d’Anarie. Ses phalanges apportèrent une organisation qui faisait souvent défaut aux Barbares. Elles permirent aux Barbares de se replier pour mieux contre-attaquer ; elles ne laissèrent passer aucune charge de cavalerie. Séline et ses hommes furent relevés au quatrième jour des combats par la Légion Phénix, emmenée par le célèbre chevalier Jan de Olt.

            A l’Ouest, Fluem d’Arkhandil avait disposé ses archers le long de la route et posté ses cavaliers shashikaïs en retrait, dissimulés aux yeux de l’ennemi. Lorsque le Capitaine Raltislov revint en compagnie du Prêtre Valor de Ferromaine, l’embuscade de Fluem leur permit d’échapper à la charge ennemie. Soutenus par les Orounkaïs, les Diables de Kakush infligèrent de lourdes pertes aux cavaliers rorchaks avant de se replier sur Wayrih. Les golems de Valor purent ainsi arriver dans le secret à la capitale rigériane. Le péril des cavaliers de l’Ouest n’avait pourtant pas disparu car ils menaçaient de prendre les troupes d’Ousmane à revers. Heureusement, il put être informé du danger à temps.

            Dans le Sud, Ousmane et Faucon Ardent se portèrent à la rencontre de l’ennemi avec leurs alliés kirrioulkaïs dans la plaine des hautes herbes. Le duel d’embuscades débuta à l’avantage des elfes noirs mais les guerriers-mages du Dessi firent pleuvoir maintes boules de feu sur la plaine qui s’embrasa. Leurs manœuvres ne purent surprendre l’armée adverse mais leur courage et leur ténacité au combat furent loués par les guerriers-tigres. Au cinquième jour, les flammes et les combats s’apaisèrent et Ousmane put envoyer ses Centaures prêter main forte à la Légion Phénix, en difficultés face aux Moissonneurs de Mort.

            Après cinq jours de combat, l’armée royale et la Légion Phénix ne purent contenir l’avancée de l’armée drakkarim. Les hommes étaient épuisés et les Moissonneurs de Mort venaient juste d’engager le combat. Il fut dit que, sans l’intervention d’une armée non-humaine, la fatigue et le manque de sommeil aurait pu faire pencher le sort en faveur du Noir Ennemi. Les Golem de Ferromaine dirigés par Valor le Purifié tinrent en échec l’armée drakkarim qui fut finalement contrainte de quitter les Steppes sous peine d’être anéantie.

            Il fut rapporté qu’après cette glorieuse victoire, Tchabak remercia les Dieux et son vieil ami Jagranaska d’avoir accueilli tant de valeureux guerriers dans le Domaine des Héros. Tchabak n’avait certes jamais craint la défaite mais il avait craint l’anéantissement de la nation barbare. On l’entendit murmurer ce jour : « tu vois finalement qu’ils sont bien de notre trempe, vieux radoteur… ».

 

Lorn, Prêtre de Spenta et Historien des Chevaliers-Justice

 

Journal de bord : Le Triomphe de Ferromaine

 

            Nous fîmes un véritable triomphe en entrant dans Ferromaine. Les troupes, parfaitement alignées, défilèrent dans une atmosphère étrange de joie retenue. Nous apprîmes en effet que la ville célébrait le centenaire de la Bataille du Champ aux Larmes. Cette bataille avait vu la mort de l’Empereur Astral et la fin de l’Empire. Jagranaska était à l’origine de cette guerre et il avait lui-même péri ce jour en affrontant ses fils. Mais notre venue était annonciatrice de paix ; notre victoire garantissait la tranquillité des ferromaniens. Ces derniers vinrent nombreux voir nos alliés non-humains, notamment Orcs et Centaures, et nous saluèrent en jetant un tapis coloré de fleurs sur notre chemin jusqu’au palais.

            Je n’avais jamais vu de ville telle que Ferromaine, immense, merveilleuse, grouillante de vie ; un foisonnement d’odeur subtiles me caressait et mes yeux ne contemplait que de magnifiques monuments, délicates fontaines, précieuses demeures… L’architecture de la ville, certes hétéroclite, se mêlait avec grâce  aux canaux qui la parcourait et le joyau suprême en était le palais, avec ses coupoles couvertes d’or et ses larges baies vitrées sur lesquelles le soleil miroitait.

            Nous fumes accueillis par la cour de Ferromaine au complet : des hommes aux riches atours et des femmes aux robes splendides. Ousmane, Fluem, Skye et surtout Jan furent salués comme s’ils faisaient partie de la famille princière. La Princesse laissa couler une larme d’émotion et de soulagement en retrouvant ceux qui lui avaient naguère sauvé la vie. A cet instant, je savais sans la moindre incertitude que j’avais fait le bon choix en entreprenant cette aventure, en suivant Fluem pour ce long voyage.

            Nos héros ne se laissèrent pourtant pas distraire par le faste et entreprirent sans tarder leurs recherches au sujet des Pierres de la Sagesse. Ils épluchèrent tous les documents disponibles au sujet du Roi Barbare qui, avant d’être couronné, avait longtemps séjourné à Ferromaine. Outre les Steppes et Ferromaine, Séline apprit que Jagranaska avait passé sa jeunesse et accompli ses premiers exploits en Albonie, dans le fief du Baron Aldred. Ils découvrirent également qu’une statue monumentale de Jagranaska avait été érigée en ville il y a bien longtemps, à la suite de la Bataille des Rois. Cette statue, enfouie lors de la Guerre des Nains et des Minotaures, fut façonnée par Korx le Modeleur, un artisan nain de Ferromaine. Aujourd’hui, seul le bras et l’épée levée de Jagranaska sont visibles et entourés d’une fontaine ornementale. Nos héros se hâtèrent de demander au Prince l’autorisation d’extraire de terre la statue.

 

Aureline, Princesse de Lencia