Le chantier avait débuté ce matin-là. Séline et Raltislov avaient mis en place leur dispositif de sécurité autour de la statue. La populace de Ferromaine, curieuse, venait s’interroger sur les motifs de cette activité. Séline comprit bien vite que le souvenir de Jagranaska partageait les Ferromaniens. Si certains honoraient la mémoire d’un père ayant combattu aux côtés du Barbare, la majorité de la population attribuait à Jagranaska la chute de l’Empire et la situation de crise politique actuelle.

            Les héros de la Croisade furent invités à compter leurs exploits à la cour. Ils purent également en apprendre plus sur la guerre contre Murandas et les forces en présence. Le Noir Prophète s’était allié au Roi-Sorcier de l’île de Wyrd. Des goules des glaces avaient traversé la mer et s’amassaient sur les côtes gelées de Krarth. Le clergé s’inquiétait pour sa part du regain de puissance de Balor. Le Sultan des Démons se manifestait aux portes des Terres de Légendes. Le Prince Royo refusa de celer le moindre pacte tant que la situation ne serait pas éclaircie.

            Lorsque les Nains de Korx le Modeleur commencèrent à exhumer la statue, une émeute éclata sur la place et quelques pierres commencèrent à voler. Les héros se précipitèrent sur les lieux pour tenter de calmer l’agitation. Séline s’adressa à la foule et alors qu’il discourait, il sentit un danger imminent. Il se tourna vers Ousmane et plongea sur lui au moment où un carreau d’arbalète était tiré depuis un toit voisin. Fluem et Faucon Ardent se lancèrent à la poursuite du tueur tandis qu’Ousmane était rapidement transporté au Palais. Séline devina que le carreau était enduit d’un poison inconnu de lui : l’Epine d’Argent. Heureusement, depuis la tentative d’assassinat contre le Prince qui avait touché la Princesse, les prêtres d’Indis gardaient des antidotes contre ce terrible poison. Ousmane fut ainsi sauvé. Fluem et Faucon Ardent parvinrent à intercepter le tueur. Une flèche de l’Elfe et une droite du Seigneur Kaï l’immobilisèrent mais il s’agissait d’un fanatique de Murandas. Il se jeta sur la lame de Fluem et périt dans un souffle. Hélas, la mort donne aux Noirs Tueurs une force surhumaine. Les deux héros durent littéralement le tailler en pièce pour en venir à bout.

            Le chantier avançait maintenant sous la protection de la Garde de Ferromaine mais l’ambiance à la cour était tendue. Ce regain d’activité des Elfes noirs inquiétait. Un soir, deux chocs sourds contre la porte de la grande salle du Palais interrompirent l’assistance. Une ombre se glissa dans la pièce et se dirigea vers le Prince. Tout le monde réagit en tentant de lui barrer la route. Les coups d’épée contraignirent l’ombre à se réfugier en hauteur mais les flèches pleuvaient sur elle et Séline essayait de l’enflammer. L’ombre dut se rematérialiser pour lâcher deux petites jarres. Ousmane réussit à en attraper une avant qu’elle ne se brise. Un élémentaire d’air jaillit de l’autre mais fut rapidement mis hors d’état de nuire. L’Elfe noir brisa une verrière pour s’échapper mais Skye avait déjà escaladé et était à ses trousses. Ousmane se lança dans la poursuite mais dut abandonner lorsqu’il vit le Despérides plonger dans le canal et Skye franchir les murs de la ville…

            Enfin, le lendemain, la Sixième Pierre de la Sagesse de Nyxator fut dégagée et les héros purent choisir la route qu’ils allaient emprunter pour la suite de leurs aventures. Ousmane et Fluem iraient à Carind via Mantla par voie de mer en compagnie de Faucon Ardent qui voulait rejoindre l’île d’Imlarië tandis que Kihan, Jan, Raltislov et Séline iraient par voie de terre jusqu’à Rathurbosk. Fluem espérait éclaircir le mystère de ses origines qui ne cessait de s’épaissir. Faucon Ardent désirait rencontrer Skarn, le Dieu solaire des Terres de Légendes, et Séline était impatient de découvrir la grande bibliothèque de Rathurbosk. C’est ainsi que nous nous apprêtâmes à quitter Ferromaine avec regret car les hommes y avaient enfin trouvé un peu de répits et de loisirs. Ils avaient tous traversé tant d’épreuves qu’ils chérirent tous longtemps la ville dans leur mémoire pour la paix qu’elle leur avait accordée mais c’est avec une détermination nouvelle qu’ils affronteraient l’avenir.

Syrion, Barde et Historien, Croisé d’Anarie