LE SECRET DES ELFES I

 

Les Cavaliers Noirs 1

 

 

            Nous quittâmes le Fief du Baron Aldred par une matinée pluvieuse sous un ciel de plomb alors que la coalition du Duc approchait. La poussière soulevée par les armées du Comte de Montombre et du Duc de Grisaille demeura visible longtemps au Sud. Après trois jours de progression difficile, par une nuit orageuse, notre troupe fut confrontée à la malédiction du Démon Fengrils. Ses Dames Blanches tentèrent d’ensorceler les hommes et sans l’intervention d’Ousmane, Fluem, Aureline, Séline et Faucon Ardent, nous aurions sûrement tous souffert mille morts dans son enfer.

Après une semaine de marche harassante, nous arrivâmes enfin en vue du village d’Erevorn sur la rivière du même nom. L’ambiance n’y était guère joyeuse : des pendus se balançaient lentement à des gibets de potences tandis que des fumées noires s’élevaient de quelques baraques. Eldron, le chef du village, nous expliqua que des Hobgobelins venaient d’attaquer le village et d’enlever une dizaine de femmes et d’enfants, dont sa propre fille Clotilde. Le problème hobgobelin n’était certes pas nouveau mais les édits du Duc d’Erevorn interdisaient aux villageois de pénétrer dans la forêt sous peine d’être condamnés à mort par pendaison et, donc, de tenter quoi que ce soit contre ces Hobgobelins commandés par un certain Ned, réputé cruel et vicieux. Les héros acceptèrent sans tarder de venir au secours des villageois et c’est ensemble que nous pénétrâmes dans le Bois des Potences alors que les troupes prenaient position autour du village.

Le Bois des Potences était autrefois aux dires des locaux le plus chaleureux et le plus accueillant des endroits, peuplé d’Elfes et de bons magiciens. Nous découvrîmes une forêt obscure et broussailleuse mais Fluem semblait ressentir l’âme profonde et inviolée des lieux. Nous rencontrâmes un mendiant lépreux qui paraissait bien connaître la forêt. Il nous dit avoir été l’apprenti d’un puissant magicien nommé Fabian et, après une attaque de Harpies, il remit à Raltislov un parchemin et une pierre. Nous poursuivîmes notre route, suivant les traces des Hobgobelins. Quelques centaines de mètres plus loin, un cri nous parvint. La belle Clotilde était aux prises avec un groupe de Hobgobelins. Nous pûmes les vaincre et libérer la jeune femme qui remercia ses sauveurs d’un baiser. Nous nous enfoncions de plus en plus profondément dans la forêt alors que le jour déclinait et que le sentier était de plus en plus difficile à suivre. Quand nous nous crûmes perdus, la lumière d’un foyer nous apparut dans la nuit. Là, une femme nous mit en garde contre le retour de son « homme » et nous supplia de partir avant son retour mais Faucon Ardent ne prit pas la menace au sérieux. Le maître des lieux se révéla être un assassin de la pire espère et le Seigneur Kaï le pourfendit de deux coups d’épée. Nous pûmes ainsi jouir d’un bon repas et d’un repos bien mérité.

Le lendemain, nous découvrîmes au pied d’un saule un bûcheron et un loup endormis. Raltislov s’approcha et fut frappé par le sortilège ; il s’endormit à son tour. Nous décidâmes de transporter les deux hommes mais, au Sud, un vaste roncier nous barrait la route. Nous le contournâmes jusqu’à une clairière où se trouvait une butte. Une grotte s’ouvrait en son flanc et le bourdonnement d’abeilles nombreuses se fit entendre. Leur essaim était construit autour d’une lyre ayant appartenu à un elfe du nom d’Ornas. Ousmane découvrit un passage qui menait à un petit sentier s’enfonçant vers le Sud et menant à la clairière d’un ermite fou qui nous fit perdre bien du temps. Nous revînmes au bord de la rivière à la nuit tombante afin de tendre un piège à la sorcière qui avait enchanté le saule. Surprise, elle n’opposa guère de résistance et le bûcheron, le loup et enfin Raltislov se réveillèrent ensuite.

Le lendemain, nous empruntâmes une large route délimitée par des pierres blanches. Un peu plus loin, un Lutin se tenait sur un champignon et se moqua de nous, tentant même de nous précipiter dans un piège ! Un écriteau du Duc menaçait de mort quiconque s’aventurait dans la forêt. Nous fûmes soudain témoins d’une chasse : des Cavaliers noirs et leurs chiens étaient après une magnifique Licorne. Notre sang ne fit qu’un tour et après un combat épique, la Licorne fut mise hors de danger. Elle remercia Fluem tout particulièrement. La clairière était un cul-de-sac et nous dûmes faire demi-tour, contraints désormais d’affronter les ronces. Ces dernières s’animèrent pour nous déchiqueter mais nous les taillâmes avec ardeur. Nous affrontâmes ensuite un marécage nauséeux et infesté de sangsues mais nous savions tous que nous approchions du but : nous étions désormais dans la partie sud des bois. Une tour, peut-être celle du fameux magicien Fabian, s’élevait au dessus de la canopée…

 

Frère Bretuald, Compagnon de Faucon Ardent