Nous approchions de la tour tandis que le soleil semblait rouler sur l’horizon, embrasant le ciel de mille teintes flamboyantes. A l’entrée, une gargouille ; dans la tour, un vaste espace dégagé ; une fontaine au fond : visage grotesque crachant une eau claire dans une vasque supportée par un griffon ; au centre, une énorme dalle enchâssée dans le sol. Lorsque Séline pénétra enfin dans la tour, rejoignant ses compagnons, la gargouille s’anima et l’attaqua. Le combat fut bref mais le monstre de pierre parvint à blesser mon maître avant d’être anéanti par la magie de l’Anarien. Le soleil disparut derrière l’horizon ; l’eau de la fontaine cessa de couler. Mes compagnons décidèrent de se pencher sur la dalle tandis que l’obscurité s’épaississait. Grâce aux efforts de Raltislov, puis d’Ousmane et Khernous, elle pivota sur le sol, laissant apparaître une vaste salle souterraine abritant une gigantesque statue ainsi que des squelettes enchaînés. Ousmane, Fluem, Raltislov et moi-même descendîmes dans les ténèbres, nos pieds s’enfonçant dans une fange nauséabonde. C’est alors que les squelettes s’animèrent, se libérant de leurs fers trop larges. Un violent combat s’engagea ; d’autres squelettes surgissant de la boue immonde pour surprendre Fluem et Raltislov. Je restais incapable de réagir ni d’user de mon Vade Retro sur ces morts-vivants qui furent bien heureusement promptement occis par mes compagnons. Séline venait de son côté de déchiffrer le message caché dans le parchemin que nous avait remis le vieux lépreux à l’orée du bois. Il put ainsi désamorcer le piège de la fontaine et découvrir un phylactère contenant un puissant parchemin d’anti-magie. Il en usa pour libérer le Titan de sa pétrification qui le remercia en lui remettant son épée et la possibilité de l’appeler une fois. Ulmaqs, car tel était son nom, disparut ensuite par une porte dimensionnelle. Nous décidâmes de passer la nuit dans la tour du mage Fabian avant de reprendre notre route.
Peu avant l’aube, nous arrivâmes dans une clairière venteuse où étaient visibles plusieurs tertres. Fluem nous expliqua qu’il s’agissait d’un cimetière elfe. Nous décidâmes d’éviter de le profaner en le contournant et ce fut une heureuse décision car nous étions surveillés. Fluem put entrer en contact avec les Elfes sylvains qui lui parlèrent de leur situation de plus en plus isolée dans ces bois de plus en plus hostiles. L’une des leurs, une chasseresse nommée Alzélia, avait même été récemment enlevée par des Hobgobelins. Fluem promit de lui venir en aide s’il le pouvait.
De notre côté, nous avions progressé vers un pic rocheux visible de loin au dessus de la cime des arbres : l’Aire des Harpies ! Mes compagnons étaient avides d’en découdre avec ces femelles ailées, vicieuses et maléfiques. Le combat fut âpre et farouche, de nouvelles Harpies surgissant sans cesse des bois alentours pour voler au secours de leur « nid ». Skye, Amarine, Aureline et moi-même fûmes durement touchés mais Ousmane put atteindre le sommet et s’emparer de leur trésor. La magie de Séline fit également des ravages dans leurs rangs ; nous en tuâmes biens une quarantaine ce jour !
Nous découvrîmes plus tard un manoir en ruine bordant un verger en friche. Nous décidâmes d’explorer la bâtisse. A l’intérieur, guère de dangers, l’habitant des lieux devait être un prêtre de la guerre sélentin ayant vécu là il y a bien longtemps. Des vipères avaient élu domicile dans les lieux, ce qui permit à Aureline de se réapprovisionner en poison. Des pans entiers de mur s’effondrèrent, sur Ousmane, puis Séline à la suite de la découverte d’un passage dissimulé, les blessant sérieusement. Faucon Ardent, Raltislov et Ousmane pénétrèrent dans un étroit couloir et y furent attaqués par une momie de centurion sélentin. Le Mungodan put en venir à bout, sauvant ainsi ses deux compagnons d’une mort atroce, étouffés par un sable noir. La dernière salle révéla 6 coffres contenant chacun des trésors sauf un qui était piégé et qui fut ouvert par Ousmane, projetant un nuage empoisonné dans la pièce et libérant une tarentule.
Aureline céda bien volontiers ses incunables à un Séline impatient de découvrir les mystères de l’ancien maître des lieux : un certain Edas. Sa tombe serait située non loin, au fond de son verger. Nous nous y engageâmes sans tarder. Une hydre à 9 têtes protégeait la tombe de maître Edas. Nous pûmes la vaincre à l’issue d’un terrible combat. En effet, chaque tête tranchée repoussait et il fallut trancher les 9 têtes presque simultanément pour venir à bout de la créature. Séline put déterrer ensuite la Tête d’Edas, une puissante relique. Nous nous abritâmes dans le manoir afin de panser nos blessures avant de poursuivre notre route.
Nous gagnâmes une grande voie carrossable qui traversait la forêt. Sur le bord, 3 piloris étaient dressés et un vieil homme y avait été attaché après avoir été malmené par les cavaliers noirs du Duc. Raltislov s’empressa de le libérer. Le vieil homme put nous dire que le repaire des Hobgobelins se trouvait sur la rive Sud du fleuve et que l’Île aux Spectres était maudite. Les fantômes des moines y chantaient chaque nuit et il valait mieux y pénétrer de jour…
Sur la rive de la rivière Erevorn, un passeur semblait nous attendre. Il ne pouvait embarquer que 4 personnes par voyage. Raltislov, Fluem, Séline et Faucon Ardent montèrent à bord. Le passeur se révéla être une Tête-de-Mort, un puissant mort-vivant hypnotisant ses victimes avant de les dévorer. Séline succomba à son emprise et attaqua Faucon Ardent qui bascula par dessus bord et fut emporté par le courant tandis que Raltislov affrontait la créature. Fluem allait en découdre avec Séline quand Raltislov put vaincre et soustraire ainsi son compagnon à l’influence du mort-vivant.
Nous atteignîmes le rivage de l’Île aux Spectres après un rude combat contre les éléments, épuisés, blessés ; nous nous terrâmes en attendant l’aube entre le chant des fantômes provenant du monastère et les grognements des goules portés par l’eau et le vent depuis les sombres bois dela rives Nord du fleuve. Je sentais en mon for intérieur que nous approchions du but.
Frère Bretuald, Compagnon de Faucon Ardent