Un riche marchand de Menii, capitale portuaire de l'Île des Cités pourpres, embaucha un assemblage hétéroclite d'aventuriers : Marius beau sourire, marin de l'île, Aslam des 1000 ancres, un ténébreux melnibonéen, Sambria la carmine, pantangienne en fuite, et Anouk Belhami, assassin du Désert des Larmes. Tout ce beau monde avait pour tâche de remettre en bonnes mains un coffret à un bibliothécaire de Cadsandria, port d'Argimiliar.
V´là le bon vent, v'là le joli vent...
Le voyage à bord du galion L'Étoile de Dakhan commença on ne peut mieux. Vents favorables, beau soleil et légers nuages pour atténuer la chaleur, faible houle... Cela ne pouvait durer! Les premiers signes néfastes apparurent : disparition du chat noir du maître-queux, bagarres, vents tournants, nourriture qui se gâte, rats qui pululent... La descente aux Enfers détrempés de Pyaray ne faisait que commencer!
Pirates!
Alors que le vent forcissait, une voile surgit à l'horizon puis grossit rapidement. Les manœuvres du capitaine n'y firent rien : le brick Le Détrousseur forien était sur eux et hissait le sinistre drapeau noir. L'abordage inévitable fut suivi d'une bataille sanglante, au cours de laquelle plus de la moitié des combattants périrent, dont les 2 capitaines. Les épées des aventuriers permirent de faire pencher la balance en faveur des honnêtes marchands. Les survivants durent fuir le galion qui sombrait et prendre en main le navire pirate, moins endommagé par l'abordage. Comble de malchance, le mauvais temps se dégrada subitement. Sans capitaine, le Détrousseur forien fut ballotté dans la tempête comme une coque de noix et prit rapidement eau de toutes parts. Tout le monde abandonna le navire et prit place à bord de la chaloupe de sauvetage. Au bout d'une nuit de souffrances dans la tempête, les rescapés se réveillèrent au beau milieu d'un brouillard impénétrable, par une mer d'huile, sans aucun bruit à part leurs respirations hachées.
Le Murmure des grands fonds
Du brouillard surgit soudain, parfaitement silencieux, un navire gigantesque, richement décoré, encadré de 4 bancs de nage, dont la figure de proue représentait une pieuvre monstrueuse aux yeux en vitraux écarlates. Le Murmure des grands fonds, barge melnibonéenne, les écrasait de son énorme masse.
L'exploration
Les rescapés sautèrent à bord et commencèrent l'exploration du vaisseau. Personne à bord. Aucun bruit. Tout en parfait état. Pont après pont, ils montèrent, fouillant, écoutant, pillant les richesses immenses qui les entouraient. Les salles étaient toutes différentes, systématiquement décorées de motifs marins, que la sorcellerie animait... Le groupe ne tarda pas à se scinder : les pirates prisonniers se sauvant, laissant les aventuriers avec quelques marins apeurés. Soudain, un cri : un marin avait basculé par dessus bord et semblait entraîné par des mains au fond de l'océan. Dans une cambuse, les aventuriers découvrirent une misérable forme : Jekk, marin à moitié fou, terrorisé. De ses balbutiements, ils comprirent que de noires pratiques avaient lieu ici et qu'ils étaient maudits...
Le temple de Pyaray
Les salles se succédaient : chambres de prêtre tapissées d'algues soyeuses, piscines remplies de crabes, de serpents d'eau, de requins, de mollusques, jonchées de squelettes scintillants, bibliothèque gigantesque ouvrant de larges baies vitrées à la poupe, salle de gardes aux armes étranges, cellules et salles de tortures pour les esclaves... Et au cœur-même de la barge, ils pénétrèrent dans le temple de Pyaray : une salle gigantesque sombrement décorée. Entourant le grand mât, un bassin octogonal aux eaux d'une noirceur absolue faisait office d'autel au Maître obscur des secrets impénétrables, au Prince des légions noyées, au Seigneur du chaos des océans. En se penchant au-dessus du bassin, Aslam le melnibonéen vit une figure à tête de pieuvre monstrueuse l'inviter à le suivre dans les eaux obscures : celui-ci refusa.
Peu à peu, l'odeur de marée putride devint écœurante, les riches dorures s'estompèrent, les planches devinrent pourries : la magie qui maquillait le vaisseau-fantôme commençait à disparaître. Toutes les richesses pillées s'avérèrent des détritus sans valeur...
Le fantôme
Au détours d'un pont, une figure fantomatique d'allure melnibonéenne surgit. Silencieusement, celle-ci fit signe aux aventuriers de la suivre jusqu'à un dédale de couloirs qui menait à l'intérieur de la figure de proue. Le poste de commandement de la barge occupait ces salles ; les yeux rouges magiques de la pieuvre de proue permettaient de voir à 360 degrés autour du vaisseau. Au centre du poste principal, une gemme fabuleuse était ancrée sur un autel. Anouk essaya sans succès de la déloger. Puis il transmit les explications du fantôme : le Murmure des grands fonds était un temple-navire fantôme melnibonéen dédié à Pyaray, dont le grand prêtre, Tol-Aqumar, totalement dément, était en train d'accumuler des âmes pour pouvoir faire venir physiquement Pyaray sur le monde. Il fallait absolument l'arrêter.
Le prêtre-fou sur la hune
Les aventuriers guidés par Anouk coururent aux ponts supérieurs : la vision qu'ils embrassèrent était infernale. À leurs pieds, les cadavres des marins et des pirates rescapés gisaient, épouvantablement démembrés. Des démons sous formes de gigantesques requins volants, de tourbillons d'eaux puantes, de poulpes terrifiants, d'énormes bernard-l'ermite abominables, d'humanoïdes à tête reptilienne en robes qui lançaient des sortilèges... avaient envahi le pont principal et empêchait l'accès au grand mât. En haut de celui-ci, sur la hune, au milieu de nuages noirs tourbillonnants, une forme humaine à tête d'octopus, à l'aura chaotique changeante était en train de mener une incantation effroyable...
Les aventuriers se lancèrent à l'assaut du grand mât, évitant les démons, les repoussant, les blessant parfois. Sambria et Marius s'occupèrent du gros des démons, au péril de leurs vies. Sambria fut gravement blessée au visage, alors que Marius se faisait arracher le bras par un atroce requin volant. Il ne survécut que grâce au sort de soins de la Pantangienne. Grâce à eux, Anouk et Aslam purent monter au mât et menèrent un combat épique face au grand prêtre insensé. La rage du désespoir au cœur, ils réussirent à lui percer la poitrine : il chut dans les eaux maléfiques et fut englouti par les centaines de marins noyés qui flottaient tout autour du navire. À cet instant, un bruit cataclysmique les étourdit : Pyaray montrait sa furie et le vaisseau qui avait perdu la force qui l'animait sombrait, pourrissant à vue d'œil. Les aventuriers regagnèrent en courant la chaloupe et s'éloignèrent rapidement de la barge qui s'enfonçait dans l'eau au milieu de vagues de plusieurs dizaines de pieds...
Vivants!
Ils étaient vivants. Terrifiés par l'expérience qu'ils avaient vécu, mutilés pour certains, seuls dans une mer déchaînée, sur une embarcation de fortune, presque sans vivre, au milieu des flots furieux, mais vivants. Pour le moment...