Le débarquement des troupes dura plusieurs heures. Les regards étaient tous tournés vers les grands arbres de la forêt. Nul doute que les Elfes étaient encore là, observant leur progression. Une fois l’ordre de marche établi, c’est une longue colonne qui s’étira vers le Nord. Il faudrait traverser toute l’Île pour atteindre la Citadelle du Dieu Kervala.
Nous avancions depuis près de deux heures quand eut lieu la première attaque. Une vingtaine d’Elfes se ruèrent sur nos chariots, faisant exploser au milieu de nos hommes des espèces de bombes de toile d’araignée visqueuse qui immobilisèrent nos guerriers. Ces petits Mercaniens se révélèrent de redoutables combattants. Ils parvinrent à nous dérober un coffre plein d’or avant de disparaître dans les bois.
A la nuit tombée, nous établîmes le campement dans les ruines d’un village. Nos chefs étaient inquiets pour l’or que nous transportions et la garde fut disposée avec soin. Les Coursiers de Slovia attrapèrent trois brigands qui rôdaient près du camp et Rastislov décida de les utiliser comme guides. Ils furent par la suite intégrés aux Diables de Kakush.
Le lendemain, une nouvelle attaque survint peu après notre départ. Les Elfes firent fondre sur nos arrières un véritable fléau d’insectes. Les Orcs se débandèrent et un troupeau de chèvres leur fut dérobé. Une heure plus tard, nous sortions de la forêt pour progresser dans les montagnes du territoire gobelin. Notre ascension allait durer deux jours pour arriver au pied de la Citadelle.
Capitaine Rewald de Salonie
Sortis des bois, nous pûmes déployer nos éclaireurs sur un terrain plus dégagé. Il ne nous fallut guère de temps pour repérer les rumeurs d’un combat. Derrière une crête, une centaine de Gobelins se battait contre un homme seul. Des centaines de corps ensanglantés jonchaient le sol. Nous nous lançâmes à l’assaut et éliminâmes la moitié des Gobelins avant que l’autre moitié ne prit la fuite. Le rescapé était un berserk thulanais du nom du Gorn Storke qui décida de suivre Faucon Ardent, gardant sur lui la tête de son défunt compagnon nain.
Au coucher du soleil, nous dépassions la forteresse naine. Nous nous sentions observés mais ne perçûmes pas le moindre mouvement derrière ses murs. Nous nous éloignâmes afin d’établir le campement pour la nuit. Le lendemain, nous reprenions notre ascension, espérant atteindre la Citadelle avant la nuit.
Lieutenant Bilyosliev de Slovia
Un vieil ermite moitié-fou moitié-ivrogne nous accueillit aux portes de la Citadelle. Nous lui offrîmes à boire et à manger, tentant d’en apprendre plus sur les mystères entourant ces lieux. Il ne nous révéla pas grand-chose, excepté que nous courions à une mort certaine. Il nous dit aussi que « la femme elfe n’était pas si belle qu’elle le paraissait ». Nous terminâmes notre repas avant d’apercevoir une silhouette fantomatique près du Temple de la Lune. Remettant notre repos à plus tard, nous décidâmes de la suivre.
De couloirs en escaliers, elle nous conduisit jusqu’au choeur du Temple où elle se changea en Banshee, effectivement bien moins jolie à regarder. Son cri nous paralysa de douleur, nous empêchant de faire le moindre mouvement vers elle. Seul Faucon Ardent put, grâce à ses défenses psychiques, attaquer la créature. Il fallut tout notre courage pour en venir à bout tandis que ses doigts glacés enserraient la gorge du Maître Kaï. Son trésor était composé de deux objets : un petit tambour et un calice serti de pierres précieuses, tous deux magiques...
Nous nous accordâmes quelque repos avant d’entreprendre l’exploration de la Forteresse de Kervala. Ceci fut une bonne idée car le petit matin nous évita d’affronter les 10 Chiens de Lune qui gardaient l’escalier et qui ne s’animaient qu’à la clarté de l’astre nocturne. A l’intérieur, tout était délabré, en ruine, abandonné depuis maintes années. Un anneau d’or attira notre attention mais Faucon Ardent sentit le danger qu’il représentait et Séline y décela une malédiction. Nous préférâmes ne pas y toucher.
Enfin, la dernière salle abritait une dizaine de squelettes en lourdes armures que nous chargeâmes sans attendre. Le combat fut rude et sans pitié. Quand un squelette était détruit, ses bracelets se changeaient en serpents qui nous sautaient à la gorge, attaquant les points faibles de nos armures. Blessés à maintes reprises, nous en vînmes néanmoins à bout, le fléau d’arme d’Ousmane ayant effectué une danse enflammée et mortelle.
Un escalier apparut au fond de la salle et nous pûmes gagner le Royaume de Kervala. Il ne fallut pas moins de trois dieux pour s’occuper de la Conque : Kervala était accompagné de Leirane et Taliriana, trois dieux de la neutralité et de l’équilibre qui nous félicitèrent pour nos exploits. Nous avons ensuite rejoint nos troupes puis nous sommes hâtés vers nos navires. Sur le chemin, nous fûmes surpris de voir les Elfes nous porter des présents. Une nouvelle fois victorieux, nous voguions vers l’Albonie pour porter secours au Baron Aldred et à nos amis restés à ses côtés. Et nos ennemis avaient du souci à se faire !
Khernous, compagnon d’Ousmane