C’est avec tristesse que je reprends la charge de rédiger les chroniques de notre ost suite au trépas de notre frère et compagnon Bretuald. Après la terrible bataille que nous avions livrée au lieu-dit de la Passe du Diable, nous descendions, victorieux, vers le Royaume de Glisson qui s’étendait devant nous et dont les hauts pics enneigés semblaient s’élever jusqu’aux cieux. La ville de Kallisk et sa Tour du Roi se révélèrent vides de toute vie. Nous poursuivîmes vers le Nord et passâmes une première nuit sous un vent glacial à l’abris des ruines d’une ancienne auberge. La terre de Glisson nous paraissait alors bien déserte. Au petit matin, de minces colonnes de fumée nous montrèrent que non. Le premier village habité que nous traversâmes venait de subir la colère de Fengrils. Le Loup Démon n’avait laissé aucun survivant, massacrant systématiquement toute vie. Nous apprîmes d’Elden que le Bois des Sirènes était protégé par une puissante magie elfique. Ne voulant s’y frotter car encore sous le coup de la douleur causée par le sortilège d’Elvarond, Fengrils avait choisi de le contourner. La prudence poussa Ousmane et ses 400 Orcs a faire de même. Près de la moitié de notre armée nous quitta alors que nous nous enfoncions dans cette grande forêt.

Notre progression s’avéra plus difficile que prévue, la route n’ayant pas été entretenue depuis maintes années. La première nuit, Raltislov et Elden purent entrer en contact avec un guetteur mercanien et lui transmettre nos intentions pacifiques. Après avoir traversé un marécage (sans couper la moindre branche) et un cimetière, nous aperçûmes les lumières d’un village. Nous y fûmes accueillis avec courtoisie et en apprîmes davantage sur l’histoire locale et l’antique royaume semi-elfe du Roi Durindar qui avait bâti sa cité non loin d’ici avant d’en être chassé par les forces de Balor. Un groupe d’aventuriers en avait rapporté nombre de trésors plus de 2 siècles auparavant mais, depuis, une nouvelle menace semblait y avoir élu domicile car plus personne n’en était revenu. Nous décidâmes de nous y rendre après avoir pris une bonne nuit de repos.

Après quelques heures de marches, Solinya, notre guide, nous révéla un escalier dissimulé par la végétation qui descendait au cœur d’un vaste amphithéâtre. De là, une porte monumentale fracassée ouvrait sur un nouvel escalier plongeant dans les profondeurs. Nous allumâmes les torches et nous y engageâmes. La première salle contenait un autel en l’honneur de dieux oubliés et deux vasques. A notre entrée, deux portes secrètes coulissèrent et deux momies entrèrent dans la pièce, tenant chacune un glaive et un bol. Séline et Fluem firent preuve de vivacité d’esprit en versant simultanément le sable des vasques dans les bols des momies, ce qui eut pour effet d’ouvrir une troisième porte. Sans leur sagacité, il eut été à craindre que les momies n’usent de leurs glaives. La salle suivante était emplie de cadavres exsangues qui présentaient la particularité d’avoir eu la partie supérieure du crâne ôtée ainsi que le cerveaux. Cette constatation nous fit frissonner d’horreur. L’auteur de cette infamie nous attendait dans la pièce suivante…

Nous ne devons notre survie qu’aux talents et à la bravoure de Faucon Ardent. En effet, les pouvoirs psychiques de la créature nous forcèrent à rebrousser chemin. Elle tua Garth et Bretuald, nos chers compagnons, avant d’affronter en duel le Seigneur Kaï. Ce dernier nous expliqua qu’il s’agissait de l’ancien Seigneur des Ténèbres Slutar de Kaag, déchu à la suite de cuisantes défaites face aux troupes de Sommerlund et emprisonné ici par Balor. Faucon Ardent venait de réaliser un exploit et paraissait grandi par sa victoire.

Dans la salle suivante, la face grimaçante de Balor nous menaçait. Ensuite, un long corridor avec deux rigoles dans lesquelles coulait un liquide rouge épais évoquant du sang présentait également une face grimaçante qui nous attirait magiquement. Nous sûmes y résister mais Raltislov se montra imprudent en s’en approchant. Il fut saisi par deux succubes et sans l’intervention conjointe de Séline et Fluem, on peut craindre qu’il n’eut été attiré dans l’antre d’un des deux démons femelles. Aureline découvrit un passage muré qui conduisait vers les chambres aux trésors. Nous évitâmes aisément les quelques pièges que recelaient ces salles. Nous pûmes ramasser quantité d’or et d’objets magiques, ainsi qu’acquérir l’un des arts des Caryatides. Nous perçâmes le secret de la dernière salle après une longue apnée dans la boue et ressortîmes les bras chargés de trésors. A notre retour, les villageois en liesse nous organisèrent un grand banquet mais la perte de nos deux compagnons assombrissait nos pensées.

 

 

Amarine de Cornombrie