Nous avions passé une nuit glacée au cœur de la montagne. Je maintenais les squelettes à distance tout au long de la nuit ; j’étais épuisée lorsque nous reprîmes notre ascension. Ce furent Faucon Ardent et Raltislov qui prirent la tête ; bâton et épée s’abattaient sans relâche et, enfin, le flot se tarit. Il n’y avait plus de squelettes à occire. Nous étions parvenus sur un pallier. Un tunnel s’ouvrait à notre gauche barré par un voile de brume orangé. Ousmane, Séline, Raltislov et Skye le franchirent et manquèrent de faire une chute vertigineuse. Le tunnel ouvrait sur le flanc du Pic des Aigles, sur une corniche étroite battue par le vent et la neige. Nos compagnons s’encordèrent et progressèrent précautionneusement jusqu’à un tombeau. Il s’agissait de la tombe de Valhar, un guerrier qui vint combattre les forces du Mal dans le Nord et qui ne revît jamais sa terre. Ousmane découvrit une magnifique épée parfaitement conservée et s’en empara.
Pendant ce temps, Aureline avait fureté vers le haut de l’escalier et découvert une vaste salle. Faucon Ardent commença à fouiller la pièce avec Fluem et Alzélia lorsqu’ils se rendirent compte que le plafond était couvert de stalactites géantes qui menaçaient de tomber au moindre son. Ils se mirent à l’abri et un soldat du Dessi les fit choir grâce à un choc sonore. Les troupes investirent la pièce tandis que Fluem, Alzélia et Faucon Ardent exploraient un autre couloir bientôt coupé par une avalanche. Ils firent demi-tour mais Alzélia manquait à l’appel. Nous retrouvâmes nos compagnons sur une terrasse au sommet du Pic. Deux sentinelles de pierre brandissant des bâtons d’asservissement nous faisaient face. Un sentier conduisait à une citadelle immense, prisonnière de la glace.
Skye partit à la recherche d’Alzélia et la jeune elfe reparut quelques instants plus tard. Elle semblait troublée par la découverte qu’elle venait de faire. Elle avait atteint une pièce ressemblant à un garde-manger monstrueux dans lequel étaient englacées diverses créatures : humains, elfes, nains, orcs, gobelins, différentes bêtes sauvages et même un troll des montagnes ! Skye avait pour sa part décidé de pousser plus loin ses investigations. A l’extérieur, nos troupes entreprirent de faire fondre la couche de givre qui bloquait la porte de la citadelle. Quand nous pûmes enfin l’ouvrir, quelle ne fut pas notre surprise de voir apparaître Skye qui se glissa vers nous sur la pointe des pieds !
Le jeune voleur de Ferromaine devenu marquis nous fit une description précise des lieux et de ses occupants : deux géants plongés dans un sommeil de givre avec leur meute d’une douzaine de chien, à la taille proportionnelle à celle de leurs maîtres. Ousmane décida que nous attaquerions les géants à revers en empruntant le tunnel découvert par Alzélia tandis que nos troupes affronteraient la meute de front. Ce fut une réussite. Nous déversâmes sur eux un déluge de flammes auquel ils résistèrent, étant donné la couche de givre qui les recouvrait, mais ils ne purent survivre à notre charge. Nous tailladâmes les géants tandis que la Harde de Hrod massacrait les chiens. Ce fut une belle victoire dont nous ne sortîmes qu’avec quelques égratignures.
Nous avons ensuite exploré les différentes salles de la citadelle. Ousmane se para d’une peau de tigre blanc à grandes dents alors que nous nous emparions de nombreux trésors. Dans une pièce, nous découvrîmes deux jeunes enfants : Eykil et Rikissa, se disant fils et fille d’un seigneur : Sire Tempfloer. Nous les secourûmes ainsi qu’un chiot qu’Ousmane adopta. Je n’ose imaginer la taille de la bête à l’âge adulte…
Notre ost reprit ensuite sa marche vers le Nord. Après sa victoire sur le Pic des Aigles, notre armée accueillait la descente avec soulagement. Nous nous dirigions pourtant vers la Tombe du Démon, l’endroit le plus obscur du monde. Au pied de la montagne, un lac gelé s’étendait devant nous, majestueux, et au-delà le village des Gardiens du Tombeau, la troupe en charge de sa surveillance depuis près de trente ans.
L’accueil ne fut guère chaleureux. Leurs hommes étaient retranchés, prêts à nous envoyer au fond du lac, mais la rumeur courut que nous étions la relève. Et mon ancien et cher compagnon Thorgan apparut, clamant haut et fort nos noms et notre bravoure ! La famille Tempfloer nous accueillit alors plus chaleureusement, nous guidant jusqu’à la seule auberge du hameau pour nous restaurer. Nous avions sauvé les enfants du Capitaine Lloyden et de Sonia Tempfloer. Leur grand-père, le Sire-Commandant Auguste Gunar Tempfloer nous fut présenté et nous fîmes le point sur la situation. La veille, Fengrils s’était manifesté en tuant deux sentinelles mais il avait pu être repoussé. Et demain ? Le Tombeau semblait exercer une influence malsaine sur la population. La consigne : « jamais seul ! Ou Balor prend possession de vous ! ». Les Gardiens surveillaient donc davantage l’extérieur que l’intérieur du Tombeau.
En fait, ils lui tournaient le dos. Nous décidâmes de tendre un piège au Loup démoniaque tout en cherchant un moyen d’explorer le tumulus du plus puissant démon des enfers.
Amarine de Cornombrie