Le Capitaine Raltislov, des Coursiers de Slovia, avait repéré depuis la tombée de la nuit des mouvements furtifs dans les bois. Un à un, ses cavaliers lui avait confirmé un rassemblement de bandits et déserteurs hammerlanders en bordure de la route de Cragmantel. Bientôt, d’autres éclaireurs lui apprirent la présence d’une armée drakkarim au Nord alors qu’un contingent anarien arrivait du Sud et risquait de tomber dans une embuscade. Le Capitaine Raltislov envoya sur le champ des cavaliers tenter de prévenir les Anariens et partit à bride abattue vers Torgar pour chercher de l’aide.
Faucon Ardent venait à peine d’émerger du sommeil lorsqu’un soldat salonien pénétra dans sa tente. Le Seigneur Kaï savait q’une visite au beau milieu de la nuit ne pouvait que présager d’une nouvelle de toute première importance : Kihan le mandait à ses côtés ; le donjon était sur le point de céder.
Fluem d’Arkhandil avait terminé sa nuit depuis peu. Il s’interrogea en voyant son compagnon Faucon Ardent vêtir son armure et apprêter son cheval. C’est tout naturellement qu’il décida de l’accompagner. Ils rejoignirent Kihan tandis que les troupes saloniennes portaient les derniers assauts contre la porte du donjon de Torgar. Elle céda enfin et le flot des guerriers de Salonie envahit la tour. Kihan se précipita vers les étages supérieurs avec Fluem et Faucon Ardent ainsi que le Prince Darianstrakor et le Baron Ulov. Après avoir neutralisé une demi douzaine d’archers drakkarim et deux gardes d’élite, ils firent irruption dans la Salle du Maître. Ce dernier les attendait, secondé par quatre archers et un énigmatique homme encapuchonné. Les archers furent rapidement vaincus grâce à la force de Kihan et la précision de Fluem. C’est à ce moment que l’homme encapuchonné se dévoila. Il s’agissait d’un Vordak. Et il entama une lutte psychique avec le Seigneur Kaï dont les barrières psychiques protégeaient le groupe. Kihan, voyant que Faucon Ardent peinait à venir à bout de son adversaire, attaqua le Maître du donjon. Ils terrassèrent tous deux leurs ennemis. Le Vordak fut détruit et le Maître de Torgar quémanda la grâce de Kihan qui le laissa partir, humilié et sans arme.
Ousmane et Séline se réveillèrent alors qu’une rumeur se propageait dans le camp : Torgar était tombée ! Ils eurent à peine le temps de s’habiller pour assister au triomphe de leurs amis.
Kihan réunit bien vite tous les chefs de guerre. La protection de Torgar incomberait aux troupes de Lyris et Casiorn, ce qui déplut au Roi d’Eru. Le Prince de Varetta dût lui promettre d’avantageux traités commerciaux pour calmer l’ardeur du vieux Roi. L’armée de Lencia prendrait position à l’Ouest pour prévenir toute intrusion des Drakkarim de Nyvoz. 8 000 hommes de Palmyrion, de Salonie et de Slovia allaient entreprendre la construction d’une route fortifiée au Nord pour relier Torgar et Cragmantel. Enfin, Kihan et plus 6 000 combattants feraient marche par le Sud pour joindre le Zakhan, toujours en siège face au Col du Corbeau.
Kihan, Ousmane, Fluem, Séline et Faucon Ardent, accompagnés de chevaliers de Lourden et de Delden, de soldats de Firalond, d’Eldenora, du Dessi et de Magador, d’archers de Kakush et de Valerion, de rangers de Valerion, marchaient depuis une heure lorsqu’un cavalier slovian surgit des collines. Il était porteur de nouvelles alarmantes : une troupe de 1 000 Anariens était sur le point de tomber dans une embuscade à l’Est. La route faisant un large détour vers le Nord en raison du relief, le cavalier proposa de guider au plus vite des troupes légères, archers et rangers, à travers les bois et collines pour venir en secours aux Anariens. Ousmane et Fluem entraînèrent les Forestiers de Valerion, la Garde de Kelis et les Diables de Kakush dans une course de trois heures avant d’entrer dans le combat. C’est ainsi que la Bataille de la Forêt de Vongta débuta.
Aux vagues d’archers et aux pièges des rangers succédèrent une résistance héroïque des Anariens et la charge des chevaliers menés par Kihan. Enfin, l’arrivée de plus de 4 000 soldats mit fin aux combats. Les Drakkarim se replièrent, douloureusement touchés, ayant perdu près des deux tiers de leurs effectifs. Kihan ordonna le repli vers Cragmantel qu’il atteignit avant la nuit. Là, quelle ne fut pas leur surprise de découvrir que le Zakhan tenait la forteresse ! Le Corbeau de Vassagonie était perché sur la plus haute tour. Ils retrouvèrent également la Légion Phénix et la soirée fut aux réjouissances mais à minuit, Kihan prévint Faucon Ardent que des troupes se massaient au Nord.
La Bataille de Cragmantel commença par une aube glaciale. 8 000 Drakkarim du Ghatan se déployaient dans la plaine et Kihan comptait en faire autant avec les 8 000 fantassins dont il disposait. Le choc entre les deux armées fut terrible et rares sont les hommes à ne pas avoir songé à fuir plusieurs fois ce jour. Kihan et la Légion Phénix maintinrent la cohésion des troupes et reculèrent pas à pas jusqu’au pied des murailles de Cragmantel. Au Sud, les survivants de l’armée du Skaror espéraient surprendre les Croisés. Ils tombèrent dans le piège de Kihan ; Fluem les attendait avec 2 000 archers ; le Zakhan les chargea avec plus de 2 000 chevaliers ; enfin, les rangers d’Ousmane pourchassèrent les fuyards. De cette armée qui avait compté 5 000 hommes la veille, il ne restait que 270 survivants. Au Nord, Kihan amena les guerriers du Ghatan jusque sous les remparts et les archers de Fluem leur permirent de rentrer au sein de la forteresse et infligèrent de lourds dommages à l’ennemi. Alors que le soleil déclinait, le Capitaine Raltislov revint avec le Roi Saltlisva et le Général Thérus. Ils déferlèrent du couchant à la tête de 3 000 cavaliers. L’Armée du Ghatan fut anéantie.
Tous les chefs de la Croisade furent réunis à Torgar. Avec les victoires remportées, Kihan savait que rien ne pouvait lui être refusé. Il exigea du Prince de Lencia une armée de 6 000 hommes pour poursuivre la Croisade à l’Ouest et libérer des villes qui, autrefois, furent lenciannes. Mais Kihan voulait aussi que la Flotte de Lencia le rejoigne à Dhârke dans six mois. Kihan put ce jour rassembler 15 000 combattants pour marcher sur Nyvoz. Ousmane et Fluem étaient enchantés ; ils sentaient le souffle des Terres de Légendes sur leurs visages.
L’hiver les accueillit en Terre de Nyvoz et la progression devint vite difficile. Les jours passèrent et les efforts à accomplir sans cesse soudèrent ces hommes d’origines diverses, qui parfois ne se comprenaient pas. Au vingtième jour, une trentaine de Kraans attaqua, déversant du ciel un liquide s’enflammant durant sa chute. Cette escarmouche confirma aux Croisés que les Drakkarim de Nyvoz s’apprêtaient à réagir à leur intrusion. Deux jours plus tard, l’Armée de Nyvoz les attendait dans une large vallée. Le ciel était sombre…