Le débarquement des 150 chevaux slovians occupa les chaloupes durant la presque totalité de la journée et il fallut trois jours pour les hisser au sommet de la falaise. Raltislov rejoignit ses compagnons sur la terre ferme et put rencontrer le vieux Sanpao. Il écouta attentivement les paroles du vieux sage. Sanpao était le seul habitant de ce petit port de pêche de la Côte des Grands Vents. Il leur expliqua qu’il attendait ses fils partis en mer voilà deux ans. Raltislov, ainsi que ses compagnons fit preuve de compassion pour la douleur du vieil homme et l’encouragea à garder espoir. Le vieux semblait connaître bien des choses sur leur quête, sur les Dieux, ainsi que sur le destin des héros. Il avait lui-même côtoyé Jagranaska dans sa jeunesse et il leur raconta bien des légendes.
Le lendemain, Raltislov alla le voir et ils discutèrent longuement avant d’effectuer des passes d’arme compliquées. Le vieil homme maniait son épée avec une lenteur extrême mais chacun de ses mouvements approchaient une perfection absolue. Il proposa au cavalier de Slovia de lui apprendre sa langue car sa route serait celle du Nord, celle de la guerre, celle de la quête de gloire, car les Dieux étaient ignorants de sa personne et qu’il devait se forger un nom.
C’est en compagnie de Jan de Olt, de Kihan et de sa Légion Phénix, que les cavaliers slovians partirent alors vers le nord. Ils franchirent des milliers de kilomètres et furent durement éprouvés par les rigueurs des steppes immenses de l’Empire khizadite. Une escouade de cavaliers de la Horde d’Airain les escorta et leur permit d’atteindre Khan Gâat : la Cité du Grand Khan. Sur la Grande Plaine du Nord, autour de la capitale du Grand Khan, des centaines de milliers de combattants s’affrontaient en un ballet mortel. Raltislov fut immédiatement époustouflé par le génie tactique et la science militaire des cavaliers khizadites mais il n’eut que peu de temps pour les admirer. Une viverne despéride jaillit de derrière la ligne de crête et se jeta sur sa monture. D’autres la suivaient ; le combat fut âpre. La Légion Phénix entama une danse de mort et il n’y eut pas de pertes dans leurs rangs. Les hommes de la Horde d’Airain se montrèrent dès lors plus respectueux envers ces soldats d’exception et les conduisirent auprès de Kaltaï Khan.
L’Empereur affichait un visage serein et dans ses yeux se lisait une grande sagesse. Sa curiosité fut excitée par le récit du combat qui venait d’avoir lieu et il proposa un duel traditionnel afin de voir leurs techniques martiales. Raltislov fut vaincu après deux passes d’arme par un homme de la Horde Pourpre. Les chirurgiens du Grand Khan lui sauvèrent la vie et il put se remettre de ses blessures en compulsant les ouvrages de la grande bibliothèque de Khan Gâat. Raltislov apprit ainsi de nombreux éléments sur la vie de Jagranaska et sur les cinq années qu’il avait passées en compagnie du grand-père de Kaltaï Khan. Jan, Kihan et Raltislov furent les invités du Grand Khan durant une quinzaine de jours et ils ne purent que louer le sens de l’hospitalité khizadite. Chacun apprit une botte secrète et le Grand Khan leur offrit les services d’une troupe de cent cavaliers de la Horde Noire pour présenter ses respect à son allié le Prince de Ferromaine mais il leur fallait encore franchir les lignes ennemies pour atteindre le Rigéria.