Ousmane et Séline embauchèrent quelques guides et bateliers avant de quitter Fang Sîn sur cinq vaisseaux fluviaux depuis l’Îlot de la Limace pour remonter le Fleuve Kouraï durant trois jours. Ensuite, ce furent deux jours de marche difficiles sur les pentes raides de collines densément boisées. Assala, à huit mois de grossesse, souffrait pour ne pas ralentir la troupe. Les Saloniens peinaient sous ce climat et ses fièvres. L’attaque volcrate fut aussi soudaine qu’imprévue mais l’expérience et la discipline des troupes permirent de la repousser en évitant de lourdes pertes. Ousmane connaissait bien les ruses guerrières des Volcrates et refusa de tomber dans leurs pièges. Ils prirent la fuite vers le Nord pour contourner l’ennemi et, après une course épique, se réfugièrent derrière des murs qui allaient se révéler être ceux de Hong Nah : la Cité Très Ancienne. Ousmane parlementa avec les Volcrates (dont il parlait parfaitement la langue) pour obtenir une trêve car ses archers de Kelis avaient durement soufferts des nombreux échanges de flèches. Alors que la nuit les enveloppait, les Volcrates les mirent en garde contre les dangers de la Cité : les ombres y rodent la nuit et y dévorent les vivants.

            Ousmane ne put attendre. Il lui fallait voir ce que renfermait la pyramide au centre de la ville. Il marcha vers elle sans tarder accompagné de Séline et flanqués de leurs gardes respectives, valerione et anarienne. Ils franchirent les obstacles d’une ville où la végétation avait repris son empire et gravirent les marches abruptes qui conduisaient au temple à son sommet. A la moitié de leur ascension, les cris ont commencé à retentir. Ils provenaient du campement. Les ombres dévoraient les hommes d’Ousmane et de Séline. L’esprit chevaleresque des Croisés anariens ne pouvait ignorer ces appels et ils firent demi-tour pour secourir leurs frères attaqués. Ousmane n’ignorait pas que son fils était en train de naître dans le chaos et la souffrance mais sa détermination était puissante. Telle une meute de fauves silencieux, ils pénétrèrent dans une grande pièce au fond de laquelle se trouvait un trône colossal ; sur les marches du trône reposait une épée. Ousmane reconnut immédiatement la Faucheuse de la Nuit et s’en saisit.

            Il était seul face au trône et sur ce trône siégeait maintenant Angra Manyu. Le Dieu lui apprit que son âme lui appartenait. Ses ancêtres avaient signé un pacte. Ousmane sut qu’il disait vrai. Pour échapper à la soumission, il allait devoir affronter un Dieu. Angra Manyu saisit une grande hallebarde et descendit les marches du trône. Ousmane attaqua. Le duel dura une trentaine de secondes avant que la nuque du Mungodan ne se brise. Il revint à lui, indemne, entouré de ses rangers dans le temple. L’aube venait de poindre ; les massacres de la nuit étaient terminés. Ousmane rejoignit le campement pour découvrir le désastre. Les cris de son fils l’informèrent de sa vitalité. La nuit avait été dure pour tous mais ils repartirent dès l’aube vers le Nord pour quitter les territoires volcrates.

            Le voyage jusqu’au comptoir de Pak Sung fut long et éprouvant. La densité de la végétation rendait leur progression difficile et il purent s’orienter grâce aux nombreux cours d’eau qui descendaient vers le Golfe de Mazarid. A Pak Sung, ils purent prendre un peu de repos et se ravitailler avant de trouver un marchand qui acceptait de les emmener jusqu’à Amsahim, port important de la côte opalarienne. Le voyage sur le Golfe de Mazarid fut paisible. A Amsahim, ils remplirent les formalités d’usage pour avoir l’autorisation de traverser le pays et louèrent les embarcations nécessaires pour remonter le Fleuve Isis jusqu’à Tahaqan, la plus septentrionale des cité du Sultanat. Ils y rencontrèrent l’Emir BarYaman qui les reçut avec courtoisie, s’intéressant aux raisons de leur voyage. L’Emir semblait inquiet de l’avancée de troupes elfes noires dans le Nord. Séline parla tant et si bien que l’Emir lui adjoignit une centaine de soldats : les Sentinelles du Nord, et donna des ordres pour préparer la suite de leur expédition.

            Ils quittèrent l’Opalar par le fleuve pour entrer dans une vaste région de marécages à la faune d’une grande richesse. Après quelques jours, ils atteignaient la source de l’Isis : le Lac Majeur. Ils aperçurent des cavaliers semblant les suivre sur les crêtes environnant le lac. Lorsqu’ils débarquèrent, ils purent se rendre compte qu’il s’agissait de Centaures. Ousmane et Séline les approchèrent pour essayer de parlementer malgré les mises en garde des soldats opalariens visiblement effrayés. Les paroles du vieux Chirox étaient obscures. Il parlait d’une prophétie, d’une tribu perdue et d’une longue quête. Une vingtaine d’entre eux se proposèrent de suivre Ousmane pour affronter les créatures du mal.

            En pénétrant sur les terres du Rigéria, les premiers signes de vie furent des symboles orcs : crânes humains et totems couverts de plumes. Ils ne tardèrent pas à être attaqués par deux gamins orcs qui les conduisirent jusqu’à leur village. Celui-ci n’était peuplé que de femmes, d’enfants et de vieillards. La majorité des hommes étaient morts au combat et la haine des elfes noirs était palpable. Nupta se présenta à Ousmane et, touchée par l’absence de haine du Mungodan envers son peuple, elle décida de joindre son destin au sien. C’est ainsi qu’Ousmane et Séline arrivèrent enfin à Wayrih où ils firent sensation. Leurs compagnons, Jan, Kihan, Raltislov, Fluem et Faucon Ardent, les y attendaient. Ils purent fêter leurs retrouvailles et se raconter leurs aventures avant d’être conduits en compagnie de Tchabak, Souffle d’Argent et Elseeh dans le mausolée de Jagranaska. Les corps de Wayrih et de Jagranaska père et fils, parfaitement embaumés, reposaient là, réunis pour l’éternité. Les héros purent admirer les fresques murales représentant les grands personnages du temps du Barbare et découvrir sur la poitrine de Wayrih la cinquième Pierre de la Sagesse de Nyxator.