Le 3 avril 1198, Alafeaa abn Alakim avait pour mission de mettre un terme à la non-vie d'Ambrosius Planudes, un Cappadocien dirigeant secrètement l'Eglise de la Sainte Lumière, à Sofia, et qui cachait en son sein une petite secte de chrétiens ultra-orthodoxe appelés les « bogomiles ». La secte bogomile poussait en effet ses adeptes à se nourrir le moins possible, à prier sans cesse et même à s'auto-flageller pour des péchés qu'ils n'ont pas commis. De plus, Alamut suspectait que le Cappadocien ne reçoive quelques subventions de la part de Rome ou de Constantinople...

 

Cela faisait plusieurs nuits qu'Alafeaa avait planifié son intrusion dans la magnifique villa du Cappadocien et la mission se déroula sans accrocs. Ayant versé au préalable un peu de son propre sang dans une cruche de vin dans la maisonnée, les goules bogomiles d'Ambrosius Planudes en avaient toutes trois ingurgité durant la journée, ce qui l'aida à s'en débarrasser, utilisant son pouvoir d'Appel de Dagon. Puis il les acheva de son cimeterre sur lequel il avait versé un peu de son sang empoisonné. L'Assamite descendit alors dans le refuge souterrain du Cappadocien grâce à une trappe secrète qu'il savait située dans le cellier et arriva enfin après de sa cible qui étudiait aux côtés de sa goule, le Père Patryn, dirigeant officiel de l'Eglise de la Sainte Lumière.

 

Les assauts d'Alafeaa furent radicaux. Le Père Patryn fut tué d'un coup de cimeterre empoisonné et Ambrosius Planudes fut vidé de son sang avant de subir la diablerie des Assamites, « l'Essence du sang », et que son âme ne se retrouve prisonnière dans son cœur blanchi appelé « debitum »... Puis, fouillant les affaires du Cappadocien, Alafeaa trouva une lettre signée de Vencel Rickart, Prince Ventrue de Buda, en Hongrie occidentale, qui lui demandait de faire perdurer la secte bogomile en échange de fragments du Livre de Nod, la « bible » des Caïnites, fragments qu'il trouva également parmi les affaires du Cappadocien...

 

Emportant tous ces documents, Alafeaa abn Alakim retourna dans le refuge secret de son supérieur à Sofia, Hussayn Al Fatin. Après qu'il lui ait fait son rapport, Hussayn annonça à Alafeaa qu'il avait reçu une lettre du Tzimisce Gabor, Voïvode de Bulgarie, qui le pressait d'assassiner le Prince de la ville, le Lasombra Basilio l'Ancien... En effet, l'une des missions jadis confiées à Hussayn par Alamut était l'assassinat du Prince de Sofia mais ce dernier rechignait à passer à l'acte, pensant qu'il valait mieux un Prince un peu dur envers la population mortelle comme Basilio pour la cité qu'un monstre comme Gabor qui étendrait son influence et son voïvodat sur la ville si le trône venait à être libre...

 

Devant ce dilemme, Hussayn contacta ses supérieurs grâce à la « Pierre d'Alamut » située dans une salle de son refuge. Lorsqu'il versa un peu de son sang sur la pierre, le bassin dans lequel elle se trouvait se rempli de liquide écarlate et une image du Vieux de la Montagne y apparue peu à peu. Hussayn lui expliqua la situation, affirmant qu'il pensait qu'il serait une mauvaise idée de détruire Basilio l'Ancien pour laisser la place à Gabor. Puis il expliqua qu'Ambrosius Planudes était manifestement secondé par le Prince Vencel Rickart de Buda qui lui avait expédié plusieurs fragments du mythique Livre de Nod.

 

Le Vieux de la Montagne ordonna alors qu'Alafeaa apporte les fragments du Livre de Nod à son Sire Alakim qui se trouvait actuellement à Buda. Il devra le retrouver « sur la place du marché au Var-Hegy, près du pilori, à la quinzième nuit du mois d'avril mil cent quatre-vingt dix-huit à la dixième heure de la nuit ». Mais avant de partir pour Buda, Alakim aurait une dernière mission à exécuter à Sofia. Il devra donner à Basilio l'Ancien la peur de sa non-vie et lui intimer l'ordre de relâcher la pression qu'il exerce sur les bulgares sous peine d'être détruit...

 

La nuit suivante, Alafeaa s'introduisit discrètement dans la « Maison de l'Aigle », l'établissement de bains publics où Basilio avait décidé de passer la nuit. Restant caché dans l'ombre jusqu'à l'arrivée du Prince, il se glissa derrière lui lorsque dernier fut tranquillement installé dans son bain et, lui mettant sa dague sous la gorge, le prévint que la prochaine tentative d'assassinat commanditée par le Tzimisce Gabor réussirait s'il ne se montrait pas moins dur avec le peuple de sa ville. Devant cette intimidation réussie, le Prince de la cité acquiesça et promit de relâcher la pression sur les mortels. L'Assamite disparu alors aussi furtivement qu'il était entré...

 

Alafeaa quitta la ville de Sofia le 5 avril 1198, voyageant avec ses goules de nuit et se nourrissant sur le gibier capturé durant la journée. Le voyage dura près de dix nuits durant lesquelles ils croisèrent la route de chevalier bulgares, de cavaliers catholiques magyars lourdement armés et même de Lupins. Heureusement, ils parvinrent à chaque fois à les éviter, se cachant dans l'ombre à leur approche...

 

Puis, au début de la nuit du 15 avril 1198, Alafeaa arriva devant les portes de Buda, prêt à retrouver son Sire Alakim sur la place du marché...

 

 

 

A suivre...