A tous ceux qui découvrent ce message, salutations. Je suis celui que vous appelez Ghostwalker. Les médias vous ont abreuvés de reportages sur moi et sur les récents événements de Denver, pour un résultat qui me laisse dubitatif. Je n'ai voulu accorder aucune « interview » pour la bonne et simple raison que, si je veux voir triompher la Vérité, je ne peux pas me fier à autrui pour relayer mes paroles. En consultant les personnes en lesquelles j'ai confiance, j'ai appris que les interprétations tendancieuses et les raccourcis « créatifs » étaient le lot commun des journalistes ; j'ai donc renoncé à passer par eux. Je dois pourtant m'adresser à vous tous, et c'est pourquoi j'ai choisi ce mode de communication qui permet à l'information de circuler librement tout en conservant son intégrité.
On m'a demandé qui j'étais, et quels étaient mes plans pour Denver, ou zone libre du Front Range. Comme il me faut remonter très loin en arrière pour répondre, je vais commencer par là. Vous autres éphémères vous souciez beaucoup trop de ce genre de choses à mon avis, mais, comme cette époque est dans une large mesure la vôtre, je me plierai à vos usages et satisferai votre curiosité.
A la suite d'événements très lointains, fort heureusement impossible à relater aujourd'hui, je me suis vu contraint d'abandonner mon royaume, que vous appelez aujourd'hui Denver. Maintenant que je suis de retour, j'ai naturellement repris ma place en tant que gardien et protecteur de cette région. Certains ont mis mes méthodes en doute ; je les mets au défi de prouver que j'ai eu tort. Quoi qu'on puisse penser de mes agissements, je dirai simplement que la nécessité m'a forcé la main. Il en est sorti un espoir de guérison et de stabilité, néanmoins, là où ne pouvaient exister que méfiance et menace de violence. J'ai même autorisé le Conseil de Denver à conserver les prérogatives qui lui conféraient l'ancienne version du traité de Denver et les différents gouvernements dont il émanait. Et qui s'en plaindrait aujourd'hui, parmi tous ceux qui ont accepté de leur plein gré mon autorité ?
Les protestations les plus vives et les plus fréquentes concernaient le retrait des intérêts aztlans dans la zone. J'avais pour cela de nombreuses et bonnes raisons, dont je n'ai pas l'intention de discuter. Toute explication serait inutile pour ceux qui comprennent, et insuffisante pour ceux qui ne comprennent pas. La seule consolation que j'ai à offrir est que je me suis fait de nouveaux ennemis à rajouter à la liste que je dressais autrefois. C'est ainsi.
Le bannissement de l'Aztlan a laissé un vide, que j'ai choisi de combler en m'adressant aux Etats Américains Confédérés. J'ai surpris des commentaires désobligeants à ce sujet, comme si le fait d'avoir « traité avec un dragon » était une chose honteuse. Des propos de ce genre portent atteinte à l'honneur draconique, et je ne tolérerai pas qu'ils soient tenus en ma présence. Considérez que vous êtes prévenus. Les dragons ont fait beaucoup pour l'espèce humaine, et j'entends imposer le respect qui leur est dû. Mais, malgré tous nos pouvoirs, je vous concède qu'il est souvent commode de disposer d'un intermédiaire auprès de vous.
C'est pourquoi je déclare officiellement que Nicholas Whitebird est désormais mon agent de liaison, non seulement auprès du Conseil de Denver, mais auprès du monde en général, à partir de dorénavant et jusqu'à nouvel ordre. Traitez avec lui comme vous le feriez avec moi ; il parle avec ma voix et mon autorité. Il assistera les secteurs dans leur gestion des affaires courantes, en veillant à ce que tout se passe au mieux pour la population de Denver. Il supervisera également la construction d'un nouveau Council Hall dans le secteur UCAS. Pour le soulager d'une partie du fardeau de ses responsabilités, j'ai désigné un bureau, basé dans le secteur sioux, qui sera entièrement à son service.
Inévitablement, certains d'entre vous souhaiteront m'entretenir en audience privée. Ce désir est prévisible et naturel, et j'ai d'ores et déjà mis en place les moyens par lesquels vous pourrez me soumettre vos doléances. Vous comprendrez cependant que mes occupations nombreuses ne me permettent pas de perdre mon temps à des affaires d'importance secondaire ; c'est pourquoi il sera opéré un tri parmi les solliciteurs. Toute sollicitation devra s'accompagner d'un don convenable si elle veut être prise en compte.
Pour tirer profit des avantages de cette époque, ces sollicitations s'effectueront par le biais de la Matrice. J'ai beaucoup appris au sujet de cet instrument aussi ingénieux que remarquable, et j'ai créé un nœud dans le réseau de télécommunications régionales de Denver. Ceux qui souhaitent s'entretenir avec moi devront déposer dans la messagerie un exposé succinct de leur affaire, ainsi qu'une adresse où les contacter. Là d'où je viens, il est d'usage d'accompagner toute sollicitation d'un don – il peut s'agit indifféremment d'informations précieuses, ne nuyens ou de toute autre forme estimable de gratification. Les demandes qui ne satisferont pas cet usage seront ignorées. Si je choisis de vous accorder audience, mon agent de liaison arrangera avec vous un lieu et une date à ma convenance.
Je suis d'un naturel clément et généreux, mais je n'ai aucune patience pour la stupidité ; je m'attends néanmoins à développer d'excellentes relations avec Denver. Cette région si chère à mon cœur est promise à un avenir radieux, et j'ai la ferme intention d'être l'instrument de son accomplissement.
Ghostwalker.