Une exposition jugée blasphématoire interdite par l'Eglise.
La galerie Brighton sur Mayfair Street a été contrainte de mettre fin prématurément à l'exposition consacrée à l'œuvre de Mr Warren Gardner. En effet, suite à une enquête diligentée par Monseigneur Robert Lustinger évêque d'Oxford, une plainte a été déposée par ce dernier auprès des autorités ecclésiastiques. Il semble que le peintre Gardner se soit rendu coupable d'atteinte aux bonnes mœurs et de "corruption implicite" au travers de ses tableaux. Rien pourtant ne laisser présager une telle accusation, car hormis le fait que ses peintures soient d'un criant réalisme, les thèmes abordés sont rien moins que communs, bien que parfois un peu macabres. Notamment l'évocation d'une noyée dont le cadavre au fond de l'eau n'est que suggéré ou bien deux chiens dévorant une carcasse qui pourrait être celle d'un corps humain. Toujours est-il que certains visiteurs de la galerie nous ont avoué avoir ressenti un profond malaise après avoir contemplé les œuvres de Gardner. Tout le monde s'accordant néanmoins à reconnaître à ce jeune et encore méconnu artiste une maîtrise technique extraordinaire.
Cette interruption qui peut sembler arbitraire risque fort d'entraver la carrière de ce peintre. Et l'on peut s'interroger sur l'ingérence de l'Eglise dans ce domaine. Est-ce un recul de nos libertés ou au contraire un avertissement envers ceux qui tentent d'avilir notre société ? Nous regrettons que nos lecteurs ne soient plus en mesure de juger sur pièces.
(Article du Times du 15 mai 1886)
Un fantôme au cimetière de Strickland !
Un témoignage des plus étonnants est parvenu jusqu'à notre rédaction. Il pourrait être jugé fantaisiste et prêter à sourire si le témoin qui souhaite garder l'anonymat (et on le comprend) mais que nous nommerons Mr Smith ne semblait aussi persuadé et digne de confiance. Cet honorable individu qui exerce la profession d'avoué a enquêté sur une série de suicides qui ont touché trois personnes ayant pour point commun d'avoir porté préjudice à un dénommé Thomas Burton. Lequel aurait été témoin d'un meurtre dans une ruelle autour du 20 avril dernier. Emu par ce qu'il venait de voir, il s'est aussitôt rendu au cimetière le plus proche pour y enterrer le défunte victime, John Fernsen, joueur professionnel. Depuis, il aurait été protégé par son fantôme qui aurait hanté jusqu'à la perte de raison toute personne lui ayant fait du mal.
Le fantôme serait apparu le 12 mai dernier, lorsque l'avoué Mr Smith a écrit le nom de John Fernsen sur la sépulture. Deux autres témoins, les employés du cimetière en l'occurrence, étaient présents, aux dires de Mr Smith, mais ces derniers n'ont pas tenu à répondre à nos questions.
Cette affaire a de quoi réconforter les plus superstitieux qui accordent beaucoup d'importance au bien-être de leurs chers disparus dans l'au-delà.
(Article du Guardian du 16 mai 1886)
Sir Vernon Hallifax, Premier Lord de l'Amirauté est mort à 45 ans.
C'est avec tristesse que nous apprenons la disparition de Sir Hallifax, survenue dans la nuit du 5 juin à son domicile de Londres, victime d'une attaque d'apoplexie aussi inattendue que foudroyante. Le décès du ministre de la Marine qui n'avait pourtant pas souffert du moindre signe avant-coureur laisse tout son entourage professionnel et familial dans une indicible consternation.
Nous nous souvenons avec quelle fougue et quelle pugnacité il réussit à mater la rébellion irlandaise qui a sévi au cours des derniers mois et occasionné d'innombrables préjudices aux loyaux sujets britanniques en Irlande. Brillant élève officier de la Royal Navy, il a su en gravir les échelons à force d'abnégation jusqu'à en prendre la tête. On lui reconnaissait un caractère ferme et intransigeant et une grande sévérité envers tout les ennemis de la Couronne.
Nous souhaitons à son successeur autant de courage et de réussite, notamment sur le terrain irlandais qui semble de plus en plus problématique depuis les récentes velléités d'indépendance.
La cérémonie funèbre aura lieu le 11 juin à l'église de Westminster, en présence de Sa Gracieuse Majesté.
(Article du Daily Telegraph du 5 juin 1886)