INTRODUCTION

 

 

 

En 1986, deux jours avant le passage de la comète de Halley, très attendu par les astronomes, un petit torchon à scandales parisien annonça que le comète passerait bien plus près de la terre que ne l’avaient prévu les scientifiques… Ce qui déclencherait un cataclysme de dimension planétaire. L’information fut aussitôt démentie par les autorités et le journal, qui ne put justifier ses sources, fut ridiculisé par les milieux bien informés. Une partie de la population attendit quand même avec une certaine anxiété le jour fatidique…

 

Et la sinistre prédiction se réalisa. La comète, frôlant contre toute attente notre planète, déclencha des tremblements de terre, des typhons et raz de marée en série. Des volcans jusque-là inactifs se réveillèrent brusquement et déversèrent leur lave brûlante sur un monde agonisant. Les survivants furent rapidement décimés par la famine et les épidémies. Le pillage devint monnaie courante, les hommes s’entretuèrent pour un litre d’eau, un bidon d’essence, une boite de conserve…

 

Pire encore, devant les yeux ébahis de quelques rares humains miraculeusement épargnés par le fléau, des pans entiers de survivants se mirent à sombrer dans la folie. Non pas une folie due aux problèmes psychologiques induits par les conditions difficiles de l’après cataclysme mais une véritable maladie totalement inexpliquée, dont la manifestation principale était l’amnésie totale… puis venaient le délire, les cauchemars étranges et récurrents… Même si cette maladie n’était pas mortelle par elle-même, elle contribua à l’écroulement des derniers vestiges de civilisation. Au bout de quatre années, le fléau s’en alla comme il était venu et reste jusqu’à maintenant inexpliqué. Se retrouvèrent donc sur une terre dévastée, des millions de survivants qui avaient tout oublié de leur passé. Les quelques milliers de personnes qui avaient eu la chance de garder leurs souvenirs étaient largement dépassées par les événements. Mais l’être humain est solide… Et en interprétant du mieux qu’ils le pouvaient tous les « signaux » incompréhensibles pour eux que l’ex-civilisation avait laissé derrière elle (livres, encyclopédies, vidéos, affiches, ordinateurs, bandes dessinées, jusqu’aux panneaux de signalisation), dont une partie non négligeable avait été détruite par le cataclysme et ses suites, les derniers occupants de la Terre et leurs descendants s’employèrent à faire ce que l’homme sait le mieux faire… Survivre.

 

Quarante ans plus tard, en 2026, le monde a retrouvé un très fragile semblant d’organisation. Dans ce qui reste de la France, chaque quartier, chaque village, chaque forêt appartient désormais à une tribu. Mais des groupuscules isolés perpétuent la tradition du pillage, tuant et détruisant pour vivre… et pour s’amuser ! Rares sont les utilisateurs de chevaux : le véhicule à moteur est roi. A deux, quatre ou six roues, il est symbole de puissance, de liberté et de prestige. Pour beaucoup, hélas ! Il sert aussi de
cercueil…

La moto file sur la route, le vent siffle sur ma figure et l’exaltation de la course me remplit d’une joie sauvage…
Sympa, non ?
Ce qui l’est moins, c’est le soleil de plomb dans un ciel immobile et vide, hormis cet unique rapace qui plane sur la droite, loin au dessus des ruines d’une quelconque cité. Un survivant… Moins sympa encore, cette camionnette entourée de motos qui foncent devant moi, à plus de 90. Ca m’ennuie de plus en plus d’autant que je n’aime vraiment pas trop ces mufles de mitrailleuses que j’aperçois à présent sur ces engins. Comme je vais plus vite qu’eux, je débloque le cran de sécurité de mon lance-flammes. A tout hasard. Mon père, qui connaissait les usages, me disait toujours de ne jamais boire avec un type masqué, de dire « bonjour » aux dames… et de tirer le premier ! Un mec bien, mon père. Je verse une larme fantôme à sa mémoire et je me couche derrière le blindage de mon engin. Devant, la troupe a brutalement ralenti.
Je fais de même en jurant. Là bas, les types se déploient sur la largeur de la chaussée de façon à me couper la route. Je rétrograde en catastrophe. La bécane proteste et chasse méchamment de l’arrière mais tient bon. Un cierge pour Saint Christophe ! J’immobilise mon engin à 50 mètres des types là devant, en priant Celui Qui Est En Haut de ne pas être tombé sur des dingues. Les mecs ont placé leurs bécanes en travers de la route et l’une d’entre elles a fait demi-tour, à petite allure, vers moi. Par DROK !
D’un coup de pied, je passe en première, la main gauche crispée sur la poignée d’embrayage, la droite sur la détente du lance-flammes. Si je dois mourir aujourd’hui, je ne partirai pas seul !
Le mec s’immobilise en face de moi et enlève son casque. Je relâche mon souffle…Il veut parler.

 

 

HISTORIQUE

 

 

 

La catastrophe de la comète de Halley, en 1986, a pris le monde entier par surprise. Les astronomes avaient en effet calculé très précisément sa trajectoire, et depuis des mois, les télescopes étaient braqués sur cet événement très attendu. Il est évidemment fort étrange que personne n’ait remarqué le changement de trajectoire, changement qui a logiquement dû s’amorcer des semaines auparavant. Ce mystère et l’étrange circonstance du « journal à scandales » français qui seul, annonça la catastrophe, restent apparemment insolubles pour les quelques historiens doués de raison qui existent en 2026.

 

La première conséquence du passage de la comète fut, bien entendu, une énorme catastrophe écologique. Raz de marée, tremblements de terre, puis éruptions volcaniques…  Des pays entiers disparurent sous les eaux, des torrents de lave engloutirent des villes, des continents se déchirèrent… Plus d’un milliard de personnes furent tuées dès les premiers jours de la catastrophe. Les moyens de communication (télévision, téléphone) furent presque entièrement détruits et seules quelques stations de radio continuèrent à émettre des nouvelles sporadiques de la catastrophe.

 

Puis, la mer se retira, la lave s’arrêta de couler et la boue sécha… Et les ennuis commencèrent. La famine et les épidémies (peste, choléra, etc.) se déclarèrent. Les gouvernements occidentaux (surtout européens, les Etats-Unis n’ayant plus du tout de gouvernement central) commencèrent à réagir et tentèrent d’organiser des secours. En juillet 1987, ils commençaient seulement à se rendre compte de l’étendue des dégâts quand frappa « la Maladie »…

 

Surnommée « la Grande Folie », elle toucha en quelque semaines dans le monde entier hommes, femmes et enfants. Sa manifestation principale : l’amnésie.

 

Les personnes frappées furent d’abord atteintes de maux de tête puis, au fil des jours, leurs souvenirs d’ordre privé (mariage, amour, famille, etc.) puis généraux (culture, histoire, parfois capacité de lire et écrire) disparurent peu à peu. Seuls restaient le langage et quelques instincts élémentaires de survie : manger, boire, sa battre… Toutes les structures existantes qui avaient pu survivre au passage de la comète (gouvernements, sociétés, familles, tribus) se désintégrèrent totalement. Toute la technologie cessa de fonctionner, personne ne sachant plus comment l’entretenir ni même l’utiliser… Les dernières radios cessèrent d’émettre… Ce fut le noir total pendant quatre ans.

Les quelques personnes (à peu près 1 / 10 000, plus chez les Indiens qui semblent avoir été touchés à 60% seulement) qui échappèrent, on ne sait comment, à la Maladie, furent les témoins impuissants – ils étaient trop peu nombreux pour agir – de cette destruction par l’intérieur et des cauchemars et des délires inexplicables dont souffraient tous les malades. Quelques médecins épargnés émirent des théories (un virus amené – par quel procédé – par la comète ? Un choc psychologique à dimension planétaire ?) mais ne purent, faute de moyens techniques, chercher efficacement un remède… Le pire était que « la Maladie » était permanente, puisque les gens frappés oubliaient le lendemain ce qu’ils avaient fait la veille. Aucune reconstruction n’était possible.

 

 

 

Dépêche AFP 10/02/1986

Priorité de transmission

 

Le Bengladesh sous les eaux… Djibouti, le Zaïre, le Cameroun détruits par l’activité volcanique… La faille de San Andrea explosée, San Francisco et la majorité de la Californie détruite… Hawaï ne répond plus… Un énorme raz de marée submergeant la côte est de l’Amérique du Sud, des Etats-Unis et du Canada jusqu’à cinquante kilomètres à l’intérieur des terres… Rien que dans l’immense mégapole que forment les villes de l’est des Etats-Unis – New York, Washington, Boston, Philadelphie, Richmond – sans doute plusieurs centaines de milliers de morts… Une faille de plus de dix kilomètres de largeur traverse le Mexique d’Est en Ouest et sépare les deux continents… Le Japon et les Philippines submergés par les volcans, les coulées de boue et la cendre… Des pans entiers de ces îles s’écroulant dans la mer…

 

 

 

La France avait eu, pendant la catastrophe proprement dite, à peu près 2 400 000 morts, ce qui était extrêmement peu, certains pays ayant été totalement rayés de la carte. La famine et les épidémies qui suivirent (là encore, la France fut relativement épargnée) doublèrent en quelques mois le nombre des victimes. Dans les quatre ans de la Grande Folie, 98% de la population restante périt… La Maladie n’étant pas mortelle en elle-même mais toute production alimentaire avait cessé. Les paysans avaient oublié comment produire de la nourriture, les enfants mourraient faute de soins, les maladies n’étaient plus soignées, les adultes s’entretuaient pour la nourriture restante (celle des supermarchés, du bétail, des vergers…)

 

Autre conséquence de la catastrophe, le climat se mit à changer. Là encore, la comète était responsable mais si certaines évolutions étaient compréhensibles (le refroidissement du Nord de l’Europe dû à des changements de courants marins et aériens), d’autres – comme le curieux environnement amazonien du Massif central – n’ont trouvé en l’état de la science de 1986 aucune explication.

 

Puis, la Maladie repartit comme elle était venue. Les survivants commencèrent à se souvenir de ce qu’ils avaient fait la veille et purent peu à peu commencer à réfléchir. Il n’y eu cependant qu’à peu près 0,1% de guérisons complètes… C’est-à-dire de survivants qui retrouvèrent tous les souvenirs de leur vie d’avant la catastrophe. Pour la plupart, la vie commençait en septembre 1991… Et leur histoire, leur culture, leur vie privée n’étaient maintenant plus que d’étranges mélanges d’images incohérentes qui les hantaient parfois au fond de leur sommeil. Et il y avait devant eux tous les signaux de cette ancienne civilisation disparue, ces choses incompréhensibles, dans les ruines des maisons, des supermarchés, des bibliothèques : des livres, des magazines, des affiches, des films, des disques, des panneaux, des cartes routières…

 

Peu à peu, les survivants se réorganisèrent. Des micro-sociétés se formèrent, les habitants s’adaptèrent au climat et aux nouvelles conditions de vie. Mais la nouvelle « civilisation » évolua d’une manière que nul n’aurait pu prévoir.

 

En effet, les habitants interprétèrent à leur manière les fameux « signaux » qu’ils avaient devant eux… Mais sans pouvoir faire la différence entre ce qui était « historique » et ce qui était « roman », entre ce qui était « film d’actualité » et ce qui était « dessin animé »… Les populations se créèrent leurs propres mythologies et leur propre histoire, mélangeant les thèmes et les époques, interprétant le désastre de la comète de Halley à leur lumière. La plupart de ceux qui n’avaient pas été touchés par la Maladie et ceux qui avaient retrouvés tous leurs souvenirs essayèrent de rétablir « la connaissance » mais ne purent renverser la tendance.

 

Le nord du Tibet sous la lave… L’explosion du Krakatoa battant tous les records terriens enregistrés… Aucune nouvelle de la Chine ne filtre… Israël et tous les émirats arabes ne donnent plus signe de vie… L’URSS ravagée par les tremblements de terre… Une nouvelle carte de la Sibérie… Le Massif central, le Vésuve et l’Etna en éruption… La Sicile totalement détruite… La Finlande sous les eaux… Une faille énorme, traversant le nord de l’Irlande, le pays de Galles, la Bretagne… Une autre faille découpe presque l’Europe en deux, passant par l’Allemagne de l’Est, la Tchécoslovaquie, pour s’arrêter au milieu de la Hongrie… Raz de marée sur les côtes d’Irlande, de Vendée, de Charente maritime et de Gironde, détruisant une trentaine de kilomètres de côtes…

 

- Fin de transmis*ù’^-----------------

 

 Peu à peu, les micro sociétés se transformèrent en tribus et les religions se structurèrent. Nous sommes en 2026…

 

TRIBUS

 

 

 

Les tribus décrites ci-dessous sont liées par un mode de vie, des croyances ou encore une appartenance ethnique, mais ne représentent en aucun cas des groupes unis. Il s’agit plus d’archétypes que de tribus à proprement parler. Dans ce monde de violence, les enfants ou les femmes, par exemple, ont tendance à constituer des tribus. Deux tribus de Fils du Métal peuvent se combattre sans merci car l’une adore AC/DC et l’autre Iron Maiden ; de même que deux tribus de Punks peuvent s’affronter pour le contrôle d’un territoire. Les tribus sont souvent constituées de membres de différentes tribus réunis par les événements, des buts communs ou la simple nécessité de survivre. On peut donc trouver des groupuscules très différents au sein de ces ensembles tribaux ou même certains qui n’appartiennent à aucun d’entre eux…

 

 

 

LES AMAZONES

 

Les Amazones sont uniquement constituées de femmes. Elles détestent les hommes qu’elles réduisent en esclavage quand elles ne les tuent pas. Elles les considèrent comme responsables de l’état actuel du monde. Leur religion s’inspire du mythe grec des amazones. Elles adorent la déesse Aphrodite et la figure d’Héraclès personnifie tout ce qui est mauvais dans l’homme. Elles attendent le jour où elles retrouveront la ceinture d’Antiope qui leur permettra enfin de pouvoir se passer définitivement des mâles. Elles sont souvent très légèrement vêtues pour exciter la concupiscence des hommes et se donner un avantage au combat.

 

 

 

LA CONFRERIE DU SERPENT

 

La Confrérie du Serpent recherche un mode de vie « naturel » et rejette tout ce qui est technologique. Ils détruisent systématiquement les véhicules à moteur et les réserves de carburant. Pour eux, c’est la technologie qui a conduit le monde à sa perte et il doit maintenant être purifié. Ils n’utilisent jamais d’armes à feu et vivent en petits groupes nomades. Ils prient le serpent cosmique : Najapalm, qui éclaire et réchauffe le monde. La figure d’Harchimerde représente le créateur de toutes les mauvaises inventions. Ils s’habillent autant que possible avec des matières naturelles, végétales ou animales.

 

 

 

LES ENFANTS

 

Les Enfants ont tous entre 4 et 15 ans. Dès que l’un d’entre eux atteint 16 ans, il est banni de la tribu, voire même parfois exécuté. Ils capturent des nourrissons qu’ils élèvent à leur façon afin de perpétuer leurs coutumes. Pour eux, ce sont les adultes les responsables de la destruction du monde et ils doivent donc être punis. Leurs croyances sont riches et variées. On retiendra Bi O’Man, le héros de la cause des enfants, et Charlemagne, le tyran créateur de l’école. Les Enfants sont souvent vicieux et malins mais demeurent des enfants et peuvent avoir des comportements déconcertants (comme fondre en larme en plein combat ou suite à une parole blessante). Dans ce monde sans pitié, ils ont néanmoins appris à être violents. Ils sont très attirés par toutes les productions pour enfants d’avant la catastrophe : jouets, films, dessins animés, bandes dessinées…

 

 

 

LES CONSERVATEURS

 

Les Conservateurs veulent reconstruire la civilisation d’avant la catastrophe même s’ils ne se souviennent pas vraiment de quoi il s’agissait. Ils regroupent tous ceux qui tentent de sortir de la barbarie pour édifier une société organisée et policée. Leur religion est proche de l’ancien christianisme ; ils vouent un culte à Dieu et à son fils Jason-Palus. Ils détestent les Skinheads qu’ils tiennent pour responsables de l’empalement du Messie et, donc, de l’état actuel du monde. Les Conservateurs essayent de perpétuer les habitudes d’autrefois et s’habillent à la mode des années 80.

 

 

 

LES FILS DU METAL

 

Celui qui contrôle le métal est le plus puissant car le métal permet de se déplacer et de tuer. Les Fils du Métal vivent pour combattre et dominer les autres tribus. Il faut vivre vite et mourir jeune, ne jamais refuser un combat, et lorsque l’on n’a plus d’ennemi, il faut en inventer. Ce sont des adorateurs de Ferrum, Carbo et Acies, détenteurs des saintes forges et dieux du vrai métal, ainsi que de Texaco, le dieu du pétrole. Uranum est la figure du dieu maudit, créateur du faux métal. Ils vouent également un culte aux jumeaux forgerons : Usinor et Sacilor. Les Fils du Métal sont donc violents et fous de vitesse. Il n’est pas rare qu’un Fils du Métal qui perd son véhicule soit abattu par ses frères (pour laver son honneur bien sûr). Ils s’habillent de plaques de métal et de cuir clouté et organisent de grands rassemblements où ils écoutent du Manowar ou du Metallica.

LES FERMIERS

 

Les fermiers tentent de réapprendre à cultiver la terre et élever des animaux. Ceci n’est pas tâche aisée car les terres fertiles sont devenues chose rare depuis la catastrophe et les pluies acides et de cendres qui s’ensuivirent. Ils s’organisent en petites communautés, souvent pacifiques et positivistes. Ils prient les dieux Begh-On (Vert pour l’agriculture et Jaune pour l’élevage) et leur Messie sur terre : Kabe-Jardin. Ils vouent également un culte à Kasto-Rah-Mah, le dieu de l’équipement. Les Fermiers entretiennent généralement de bonnes relations avec les autres tribus, surtout celles avec lesquelles ils peuvent faire du troc. Toute leur technologie et leur équipement sont tournés vers le travail de la terre.

LES GUERISSEURS

 

Les Guérisseurs sont les héritiers du corps médical d’avant la catastrophe dans son ensemble. Ils tentent de soulager, de préserver, de soigner, d’aider les plus faibles… Avec les moyens du bord et le peu de souvenirs de la médecine « moderne »… Ils adorent Velpeau, Urgo ou encore Ether (le dieu de l’anesthésie) et honnissent Mengele, le faux médecin. Ils jouissent plutôt d’une bonne réputation auprès des autres tribus, peuvent être nomades ou sédentaires, sont généralement pacifistes et altruistes. Leurs groupes sont réduits, s’équipent pour venir en aide aux blessés et aux malades et trouvent facilement refuge auprès des autres tribus.

 

 

 

LES GARAGISTES

 

Pour les Garagistes, les véhicules sont l’avenir de l’homme et sa seule possibilité de salut. Ce sont des travailleurs acharnés, désintéressés et souvent appréciés des autres tribus. Ils vouent un culte à un dieu unique : Vulcain ; mais sont très tolérants vis-à-vis de toutes les autres croyances. Pour eux, rien n’est définitivement perdu, tout se récupère et le carburant est aux véhicules ce que le sang est à l’homme. On les verra marchander le plus simplement du monde avec des Fils du Métal car chez eux, la notion de service est importante. S’ils sont souvent neutres dans les conflits, ils ne sont pas pacifistes pour autant et ne dédaignent pas de tester leurs machines même quand il s’agit de vrais véhicules de guerre. Ils portent généralement des vêtements de travail et sont souvent sales et couverts de cambouis.

 

 

LES SKINHEADS

Pour les Skinheads, toutes les autres tribus sont génétiquement inférieures et doivent être dominées puis éliminées. Ils n’ont pas de religion précise mais pratiquent le culte de la personnalité. Chaque groupuscule suit un chef ou un leader, bref, un führer quoi, qui s’inspire d’un personnage historique. Le plus couru est Hitler mais on compte aussi des César, Napoléon, Jean-Paul II, Attila ou Staline. Violents, peu subtiles mais organisés, les Skinheads se déplacent en nombre, jusqu’à 150 individus. Ils sont vêtus le plus généralement de tenus militaires et se rasent le crâne.

LES PUNKS

Le cataclysme a eu lieu pour permettre aux Punks de s’éclater. L’anarchie règne, il faut détruire ce qui reste et s’amuser pendant que c’est encore possible. Ceux qui tentent de reconstruire une société organisée commentent une grossière erreur et les Punks sont là pour le leur faire savoir. Leur religion se résume à un mot d’ordre : il est interdit d’interdire. Ils vénèrent des anarchistes célèbres telles que Bonnot, Sacco et Vanzetti, Louise Michel, Elisée Reclus, Emile Henry, etc. Les Punks arborent des tenus provocantes, des armes de tout type et leurs véhicules sont souvent de véritables tas de ferraille.

 

LES YANKEES

Tous les hommes sont égaux. Les Yankees sont les héritiers de la démocratie et du discours politique, un peu comme au 20ème siècle, pour ce qu’ils s’en souviennent. Ce sont les états capitalo fascisants qui, dans leur croisade de haine et de feu pour la domination du monde, ont causé la catastrophe. C’est une chance pour aujourd’hui redémarrer à zéro et construire un monde où règnent la paix et l’amour. Les Yankees pratiquent également divers cultes de personnalités ayant œuvré pour l’égalitarisme et la paix dans le monde : Desmond Tutu, Gandhi, Lech Walesa, Marx, Mao, etc. Ils regroupent bien souvent des rejetés d’autres tribus, des solitaires ou des victimes en quête d’un monde de justice. D’origines disparates et d’équipements variés, ils défendent férocement leurs idéaux tout en arborant des symboles de paix et d’amitié entre les peuples.

 

LES VIKINGS

Les routes et les semi-remorques existent pour que les Vikings puissent se déplacer et se protéger. Les Vikings sont les plus forts et le monde doit les craindre. Le Ragnarok a eu lieu : l’affrontement suprême entre les dieux. Et Thor a mis un grand coup de marteau. Les Vikings mélangent différents mythes germano-celtico-nordiques et de nombreux dieux mais Thor reste le préféré. Mack est aussi très populaire, dieu des Drakkars ; son nom change géographiquement : Mercedes-Benz, Ford, Renault etc. Les Vikings se retranchent dans des endroits faciles à défendre (centres commerciaux par exemple) et sillonnent les routes en semi-remorques blindés, dépouillant toutes les tribus assez malchanceuses pour se trouver sur leur chemin. Ils ont néanmoins un code d’honneur et respecte la vaillance. Ils s’habillent de fourrures et d’acier, portent barbe et moustache.

 

LES INDIENS

Les Indiens regroupent toutes les minorités ethniques dites « de couleur » qui vivaient en France en 1986 et qui se trouvent réunies par leur haine farouche de « l’homme blanc », tenu pour responsable de la catastrophe. S’ils sont en grande majorité d’origine arabe, les indiens se sont appropriés toute la mythologie « Western ». John Wayne, Lucky Luke ou Buffalo Bill sont des héros malfaisants ennemis des Indiens. Ils vénèrent la Terre Mère ou le Grand Manitou et chaque groupuscule a son propre totem. Comme les Blancs ont détruit les territoires de chasse, les Indiens chassent les Blancs, généralement peu vêtus, équipés d’armes d’épaule ou d’armes blanches, et chevauchant des motos parfaitement entretenues.

 

LES HELLS ANGELS

Pour les Hells, le passage de la comète fut une véritable aubaine : plus de flics, pour les empêcher de rouler comme ils veulent à la vitesse qu’ils veulent, plus de péages sur les autoroutes, plus de pompistes pour faire payer l’essence et (presque) plus de connards d’automobilistes pour les faire chier sur leurs routes. Désormais, les Hells Angels sont les maîtres de la route et si le monde est devenu un enfer (routes désertes, bière, essence et filles à volontés), alors mieux vaut régner en enfer que servir au paradis ! La religion d’un Hells Angel, c’est sa moto, sa bière et sa gonzesse (dans cet ordre-là). Ils se déplacent en meutes pouvant aller jusqu’à 300 personnes et gare à celui qui ne se rangera pas sur le bas-côté pour les laisser passer. Ils font des haltes régulières pour se bourrer la gueule, ne se lavent jamais, ne portent pas de vêtements de protection (casques, cuir…) et chérissent les grosses cylindrées (parfois avec side-car pour la gonzesse).

 

LES MERCENAIRES

Tout a un prix, aussi bien la vie que la mort. Les Mercenaires ne constituent pas une tribu à proprement parlé ; ils sont d’ailleurs souvent solitaires quand ils ne sont par réunis par un contrat commun. Les Mercenaires partagent néanmoins un mythe commun autour de films comme Mad Max ou Les Sept Mercenaires. Clint Eastwood est leur héros favori. On peut compter sur eux pour toujours aller jusqu’au bout d’un contrat. Ils sont généralement bien équipés, armés et possèdent des véhicules puissants.

LES MARCHANDS

Tout s’achète, tout se vend. Les Marchands ne constituent pas non plus une tribu à proprement parlé. Ils n’ont pas de religion commune mais sont liés par un mode de vie. Ils se regroupent en guilde et tente de faire renaître les échanges. Ils parcourent les routes en camion ou en semi-remorque et appliquent leur devise : « Buy & Sell ». S’ils sont souvent isolés, ils peuvent compter sur la solidarité de leurs confrères et jouissent d’un bon accueil auprès des autres tribus. Ils sont donc rarement attaqués mais quand même sérieusement armés.

 

LES JUSTICIERS

Le monde est rempli de criminels. Il faut les éliminer et faire régner la Loi. Dans les années qui suivirent la Grande Folie, certains décidèrent qu’il était temps de rétablir l’Ordre. Ces hommes (et ces femmes) sont les Justiciers. Ils se réunissent en petits groupes nomades qui vénèrent un justicier ou un policier célèbre qu’ils considèrent comme un dieu. Citons : Judge Dredd, Starsky et Hutch, Tintin, Kojak, Pasqua, Nicky Larson, Harry Calahan, etc. Notons que chaque groupe a donc sa propre conception de la justice et de la définition du criminel. Leurs vêtements, leurs armes et leurs véhicules sont issus des stocks militaires ou policiers.

Effectifs des groupes tribaux

A

CS

Enf

Cons

FM

Fer

Gué

Gar

SH

Pk

Yank

Vik

Ind

HA

Mer

Mar

Just

20

5/10

30

100

5/10

30

2/10

3/20

20/150

5/50

50/80

40/80

50

30/300

1/12

5/100

5/10

 

FOURMIS

 

L’apparition des Fourmis est sans conteste la plus étrange énigme entourant la catastrophe. C’est en 1998, quelques années après la fin de la « Grande Folie », que les premiers témoignages concernant des humains réfugiés sous terre firent leur apparition. Nul ne fit vraiment attention au problème à ce moment là. Pourtant, si quelque chose avait été fait à ce moment là, un énorme problème aurait pu être évité car il semble évident que l’empire souterrain des Fourmis n’était alors qu’à ses prémices et que la plupart de leurs fameux complexes ne devaient être qu’à l’état de plan…

Quoi qu’il en soit, cette mystérieuse tribu fut laissée à ses affaires et ce n’est que relativement récemment, depuis une douzaine d’années, que ses actions à la surface sont devenues tellement évidentes que son existence est aujourd’hui connue de tous. Qui sont les Fourmis ? Des humains réfugiés sous terre après la catastrophe, sans doute pendant les quatre ans d’obscurité de la « Grande Folie ». Etait-ce pour se protéger de la Maladie ? Etant donné le niveau de leur technologie  en 2026, leur pari semble avoir réussi. Quel que soit leur but initial, ils ont construit en moins de 20 ans une société souterraine dont les ramifications exactes sont encore inconnues.

Domitien habitait Tours, dans une grande maison du vieux quartier de la ville. Trois étages, du papier peint avec des fleurs bleues et grises, une salle à manger avec des labris en bois peint. Un service de verre en cristal, et des assiettes en porcelaine de Limoges. Intactes. Il y avait aussi des vieux journaux, amis ça, Domitien s’en foutait. Il savait à peine lire et, de toute manière, il avait des choses nettement plus importantes à faire.
Domitien vivait tout seul. Pas dans sa maison, entendons-nous bien : dans sa ville. Beaucoup de maisons s’étaient écroulées au moment des grands tremblements de terre, du temps des parents de Domitien, mais, à tout prendre, le coin s’en était quand même bien sorti. Il en était resté, du monde, même au moment de la « Grande Folie », quand la moitié de la ville avait brûlé parce que plus personne ne se rappelait comment éteindre un incendie. C’est que c’était une terre riche, la Touraine, et que la nourriture, en ce temps là, c’était plus important… Plus important que la peur…
C’est ce qu’ils croyaient, les gens. Mais c’était faux. La peur avait fini par gagner quand même. Quand trop d’enfants eurent disparus. Quand trop de maladies étranges se furent déclarées, et qu’on retrouva des petites bouteilles multicolores et étrangement fluorescentes près du foyer des infections. Quand les gens commencèrent à croire aux histoires d’hommes en uniformes rouges ou verts qui sortaient par les caves de certaines maisons…
Tous, ils étaient partis. « La ville est aux Fourmis » qu’ils disaient. « Faut la leur laisser ». Ils se trompaient : la ville était aux Fourmis et à Domitien. Il avait barricadé les portes et les fenêtres avec des planches pour que les Fourmis pensent que la maison était condamnée. Il n’y avait pas de cave. Il sortait par un petit soupirail dont lui seul connaissait l’existence et allait piller le jambon et le vin d’une arrière-boutique que par miracle, personne n’avait jamais découverte. Il en avait marre, on peut le dire, du jambon et du vin, mais il s’en foutait : il les observait. Il savait quand elles sortaient,  à quelles heures et par quels tunnels…
Dans l’église, sous l’échangeur, dans l’ancien supermarché. Il était sûr qu’il y avait un réseau particulièrement fourni sous les anciens HLM de luxe et il avait remarqué de la fumée qui sortait parfois des salles d’expérimentation qu’elles avaient installées dans les sous-sols de l’ancienne gare. Et puis, et puis surtout, il écoutait la radio. Personne n’écoutait plus la radio, les ondes mortes grésillaient avec un bruit si déprimant. Mais ils avaient tort, encore, et Domitien savait : les Fourmis utilisaient parfois certaines fréquences pour échanger des messages. C’étaient surtout des suites de chiffres. Des messages codés. Mais Domitien les notait tous, et il cherchait la clef. Un jour, il la trouverait…
Un jour, il comprendrait tous les messages et il apprendrait les plans secrets des Fourmis. Il saurait alors comment le combattre et il les éliminerait.
La ville ne serait plus qu’à Domitien.