L’Île Noire

 

 

La marée nous permit enfin de poursuivre notre route, découvrant les « Dents » : ces redoutables brisants venus à bout de bien des navires. La clarté lunaire lassait apparaître trois épaves dans des états de délabrement plus ou moins avancés. Fluem chuta lourdement en descendant la falaise tandis que Séline perdait ses bottes dans les sables mouvants. Nous poursuivîmes notre progression en redoublant de prudence. Le premier esquif abritait trois hommes-crabes et leur magot. Ousmane et Fluem vinrent rapidement à bout de ces monstres, anciens marins maudits pour leur cupidité. La seconde épave était le repaire du fantôme de son capitaine à qui nous fîmes la promesse de débarrasser la côte des naufrageurs. Raltislov s’empara d’une relique : une phalange de Saint Rolo, à demi enterrée dans le sable. La troisième épave était vide et menaçait de se disloquer.

Nous abordâmes l’île alors que le soleil se levait timidement. La tour de garde n’accueillait plus que le squelette de son gardien et le village n’était plus que ruines. Seule une maison tenait encore mais elle était infestée par une espèce de champignons dangereux qui affaiblirent Ousmane avec leurs spores empoisonnées. Séline rasa le tout d’une puissante boule de feu. La chaleur fit sortir une goule de sa cachette située sous la maison. Elle se rua sur Séline qui, d’un large coup de taille, la trancha en deux ! Nous pûmes continuer notre aventure et nous dirigeâmes vers l’église qui coiffait l’île.

            Nous traversâmes le cimetière dédié aux marins d’Erevorn puis une futaie de grands ifs. Les arbres semblaient animés d’une volonté propre et les mouvements de leurs branches n’accompagnaient pas toujours le rythme du vent. Nous fîmes la rencontre d’Alderic qui nous en apprit beaucoup sur l’île, nous parlant des gargouilles qui protégeaient le phare (elles furent promptement occises) et il nous indiqua le puit qui menait aux profondeurs. Là, un dédale de galerie partiellement immergées nous attendait. Brisenfer retrouva son navire et, hélas, son équipage zombifié ; il finit d’ailleurs par périr sous les coups de ses anciens compagnons. Raltislov ranima une source magique régénérante. Enfin, nous affrontâmes le grand prêtre qui invoqua un monstrueux serpent de mer mort-vivant. Nous sortîmes victorieux, nous emparant du trésor des naufrageurs ainsi que du troisième et dernier fragment du Cristal des Elfes. Lorsque Fluem en assembla les morceaux, nous fûmes happés par des myriades de faisceaux multicolores.

            La nuit succéda au jour, l’obscurité aux couleurs étincelantes ; nous étions dans l’outre-monde et le hurlement de Fengrils nous parvint. Le Démon avait trouvé notre trace ; il nous fallait faire vite ! Le tumulus d’Elvaron nous offrit refuge mais Fengrils approchait. Nous eûmes tout juste le temps de nous saisir du trésor et de briser la malédiction avant que son souffle glacial ne nous parvienne. Dans un cri de rage, il fut banni à jamais de cette terre mais nul doute que nous entendrons de nouveau parler de lui.

            Fluem nomma Sir Gondric régent du Duché et Sir Dunstan fut désigné pour mener la troupe de chevaliers qui allaient nous suivre. Glisson nous attendait et la menace de Balor se faisant plus pressante, il nous fallait nous hâter vers le Nord, vers de nouveaux combats, de nouvelles aventures…

 

 

Frère Bretuald, compagnon de Faucon Ardent